Le vélo qui fait voyager

mercredi 31 août 2011

Etape 29: Charleroi - Lille / 121 km (2142.5 km)





Ah mais quelle moule frite !!! Je ne sais pas ce qui est le plus responsable la fatigue ou ma bêtise mais toujours est-il que je jette dans mon sac de cabine mes pédales et les outils qui m'ont servi à apprêter le vélo pour son vol. Ce sera plus pratique pour le remonter me suis-je dis (ah bon, pourquoi ?) sans penser un seul instant que les douaniers allaient les confisquer à l'embarquement parce que c'est interdit, espèce d'huître sèche! Ce qu'ils ont fait bien entendu.



J'ai plutôt bien joué le coup parce que j'avais aussi ma tente dans le sac (Ils voulaient me faire payer un supplément parce que mon sac en soute était trop lourd donc j'ai dû la retirer) avec 10 piquets en aluminium acérés ! Alors j'ai tout de suite sorti mon multi-outil (pourri de toute façon). Le douanier n'a donc pas eu à fouiller le sac, il était très satisfait avec ça. Et mes pédales sont restées bien planquées sous mon pull. C'est déjà ça. Mais il a quand même vu la clé à molette de Cyrille (désolé :/ je t'en rachèterai une). L'ironie du sort, c'est que mon dérive-chaîne cassé a réussi à passer le contrôle, lui...



Et me voici à l'aéroport de Charleroi avec mes bagages et mon vélo comme un con parce que le guidon est aligné avec le cadre et que je n'ai pas la moindre petite clef allen sur moi pour le remettre en état.



Pendant que je cherche un moyen de desserrer ces satanés boulons, inspectons un peu ma monture. Il a plutôt bien voyagé. J'ai pris le soin d'emmailloter les pièces sensibles (lampes et dérailleurs) dans du film-mousse, ce truc qui sert à emballer les meubles et qui m'a servi de tapis de sol pendant tout le voyage. Par contre, le cadre a pris quelques éraflures. Il faudra que je pense à le protéger aussi la prochaine fois...



Bon, j'ai pas trouvé de solution, la seule chose que j'ai réussi à faire, c'est tordre la clef de mon antivol. Mais elle marche encore. M'enfin, vaut mieux plus que j'y touche. Je n'ai plus qu'à aller au stand information pour demander où je pourrais bien me procurer une clef allen. Ils téléphonent au service technique, mais le seul type qui en a est en intervention. Je commence à rentrer dans le monde absurde des belges en douceur mais c'est pas près de s'arrêter. Il n'y a qu'un type dans tout l'aéroport qui a le droit d'avoir des clefs allen ? M'enfin, c'est gentil d'avoir essayé, je n'en demandais pas tant.



Dépité, je me décide à prendre le bus pour me chopper un train. Je ne sais même pas s'il voudront bien accepter le vélo à bord et puis arrivé à Lille, le problème sera le même. Et je ne pourrai pas le mettre dans le métro. Quand j'avise un moustachu qui amène son petit-fils voir les avions en chevauchant leur bicyclette. C'est une chance inespérée. Je ne me fais pas d'illusion, il n'aura certainement pas de clef allen, mais il a un gros sac sur le dos alors on ne sait jamais. Je me précipite vers lui et oh, miracle ! Il n'en a pas. MAIS ! Il m'indique une station service à 800m où on lui a déjà prêté des outils quand il avait cassé sa chaîne. L'espoir renait !



Je courre aussi vite que je peux avec le vélo et son guidon qui ne tourne qu'à droite et tout son chargement vers la station. Je vous passe les détails sur les escaliers à descendre, les barrières à passer, la 2x2 voies sans trottoir... Confère la première phrase du post. Mais ils ont des outils et je peux enfin rendre à mon vélo une forme plus respectable et pratique. Pour les remercier, je leur achète un sandwich et quelques bricoles que je mange sur place.



Maintenant, j'ai deux choix: aller à la gare de Charleroi et prendre un train qui m'amènera à Lille en 2-3 heures tout au plus, attente comprise ou rentrer directement à vélo, pour un itinéraire de 120 km en n'ayant dormi que 4h cette nuit avec l'entrave de la signalisation routière belge, sans carte et sans GPS parce que la Belgique est un pays maudit pour ce qui est de l'orientation et que le téléphone n'arrive pas à chopper de signal... Ce qui devrait me prendre une bonne huitaine d'heures en comptant le temps perdu à me perdre.



Forcément, j'opte pour la seconde, car je suis le genre de personne à prendre des décisions logiques et sensées.



Ca commence fort, je n'arrive pas à m'extirper de la banlieue carolingienne. Je demande à quelques personnes mais elles se contredisent. Faut dire que je leur demande le chemin pour Mons. C'est trop loin, tu parles, à peine 40 bornes, et à part emprunter l'autoroute en voiture pour s'y rendre, ils ne voient pas trop comment faire. Alors j'achète une carte et je demande le bled suivant aux passants. Car une carte, c'est bien, mais sans panneau, ça ne sert pas à grand chose. Mais même là, leurs évaluation des distances est complètement disproportionnée. Une pauvre avenue de 800m devient tout de suite un long trajet de 4 km. Pas évident de se repérer dans ces conditions.



J'arrive dans une rue calme, en travaux. Un petit garçon me demande si je suis facteur. Attention, je sens que je rentre à fond dans l'univers absurde belge. Je lui réponds non, je suis un voyageur. Il me demande si je veux jouer avec lui. Je réponds non, que je veux juste rentrer chez moi. J'avise un ouvrier à une centaine de mètre, je pense qu'il saura m'indiquer mon chemin. Le gamin veut faire la course, je le laisse filer devant moi. J'interroge l'ouvrier. Il ne sait pas m'aider car il est de Liège mais il me dit que je n'ai qu'à demander à la fille, là. Je me retourne en me disant que ce n'est pas une fille, c'est un gamin et puis je lui ai déjà demandé, il ne sait pas. Quand j'aperçois par une fenêtre entrouverte une botte en cuir lacée jusqu'au genou chaussant une jambe qu'on décroise. La fenêtre s'ouvre en grand et un décolleté défraîchi et tanné se penche vers moi. J'étais en plein quartier rouge et je ne m'en étais même pas aperçu ! La prostituée commence à m'indiquer la route quand une ménagère plus agée, la maquerelle ou sa mère, vient en renfort depuis la pièce du fond pour me donner les explications. Enfin, je suis sauvé ! Une prostituée m'a remis dans le droit chemin ! J'ai du mal à ne pas rire devant l'absurde de la situation mais je peux enfin partir vers Lille, sûr d'être dans la bonne direction. Il faut juste tourner à droite au centre de bronzage l'été indien que je ne peux pas louper. Je les remercie chaleureusement, mais cette fois, je ne consomme rien !



Ensuite, je fais marcher le GPS humain. J'ai de la chance, toute la Belgique semble être de sortie. Je demande à tous les passants si je suis sur le bon chemin. Parfois, je ne m'arrête même pas:

"Boussoit, c'est par là ?"

"Oui, oui, tout droit !"

"Merci !"

'fin, tout droit est une notion toute relative en Belgique mais les belges sont d'une gentillesse rare qui contraste brutalement avec leur sordide banlieue. Tout est grisâtre et pue le gaz d'échappement. Je dois me prendre en quelques heures 50 fois plus de pollution dans les poumons que je ne me suis pris en un mois en Irlande. Mais leurs explications sont toujours très détaillées, tant que je reste dans le local. Une famille m'accompagne même à vélo pour me mettre sur la voie. Si je leur dis que je rentre à Lille, ils me prennent tout simplement pour un fou. Une dame me demande d'où je suis, elle pensait que j'étais flamand avec mon accent ! Elle est bien bonne celle-là.



Arrivé à Mons, je vais à L'office de tourisme pour avoir un plan de la ville. Et le type qui me reçoit me propose un itinéraire pour Tournai passant par les canaux. Mais bon sang, quelle bonne idée! Je ne peux pas me perdre en suivant les canaux! (Encore faut-il arriver à la chopper!) Je suis donc son parcours qui me fait passer par la zone industrielle, mais aussi une très jolie forêt où le chemin surplombe un canal aux eaux émeraudes. A un moment, j'accroche même un Raymond qui ne roule qu'à 5km/h de plus que moi. Et en plus, il est régulier. J'hallucine sur la taille de ses mollets qui semblent atrophiés. Je pense que c'est parce qu'il roule à cadence élevée plutôt qu'en force. J'arrive donc à le suivre sur 5 ou 6 km à 28km/h jusqu'à ce qu'il quitte le canal. Déjà ? Dommage... On se salue en se séparant.



Le reste se fait sans histoire. Maintenant que je suis à Tournai, je connais la route. J'ai juste envie d'un bon steak-frite alors je m'arrête en ville pour manger avant de rentrer.



Parti vers 13h de la station service, j'arrive vers 21h chez moi où m'attend un bon lit. Rhhââ, ça fait du bien !

lundi 29 août 2011

Etape 28: Dublin centre - Aéroport / 14,5 km (2021.5 km)





Ca y est, mon petit tour de l'île à vélo est vraiment terminé, il me faut maintenant partir à Dublin pour prendre l'avion. D'ailleurs, c'est un peu la grande inconnue et je me fais un peu de soucis pour le transport de mon biclou.



Il supporte plutôt bien les 3h30 dans la soute à bagage du bus, c'est déjà ça, et une fois arrivé dans la capitale, j'effectue mon dernier trajet à vélo pour le laisser à l'aéroport. Avec Ryanair, je ne suis pas obligé de le mettre dans une housse ou une boite. Je n'ai qu'à démonter les pédales, positionner le guidon dans l'axe du cadre et dégonfler les pneus.



Je compte revenir le lendemain en navette avec une seule valise achetée en ville et qui contiendrait mes sacoches. Mais le temps de faire l'aller retour à l'aéroport, le magasin que j'avais en vue est fermé. Il me faudra donc acheter la valise sur place. Heureusement, j'y ai repéré un magasin pas cher qui ouvre à 6h du matin.



J'aurai donc pu garder mon vélo avec moi cette nuit et partir directement avec demain. Tant pis... En même temps, ce sera moins stressant car je me suis un pommé sur la route et j'imagine même pas ce que ca aurait pu donner à 5h du mat' sans personne dans les rues pour me remettre dans la bonne direction!



Allez maintenant il est temps d'aller au pub pour boire une dernière guinness avant mon retour parce qu'en France, je n'en bois jamais: en fait, j'aime pas ça!

Etape 27: Strabane - An creagan - Strabane / 80 km (2007 km)





Un peu frustré de ne pas avoir pu faire tout le parcours prévu, je me rends sur le lieu des festivités à 40 kilomètres de là à vélo alors que tout le monde me propose une place dans sa voiture, impressionnés qu'ils sont par cette distance moyenne. Stephen se charge de mes affaires (merci, merci!) alors je pars tout en légèreté. Cette fois le vent est avec moi, le relief se montre plutôt clément malgré une belle butte à gravir dès la sortie de Strabane.



En me retournant, j'aperçois le Mont Muckish et le mont Errigal qui se trouvent à une centaine de kilomètres. Puis j'ai l'impression que ca ne fait que descendre même si le gps me prouvera le contraire. J'ai l'impression de voler et je parcoure la distance en 1h44, ce qui étonnera tout le monde à commencer par moi même.



Par contre, j'ai pas pensé qu'après 2 jours de fête de malade, il me faudra rentrer à vélo aussi. J'avais l'intention de faire un petit détour pour explorer davantage les Sperrins mais Stephen a embarqué ma carte papier alors je me contente de reprendre le même itinéraire à l'envers. Finalement, c'est pas plus mal car le manque de sommeil se fait bien sentir.



Le vent n'a pas tourné mais grâce à un relief légèrement descendant, je ne mets que 2 minutes de plus pour rentrer a Strabane malgré la fatigue.



La dernière nuit en Irlande du Nord sera tranquille, mais se terminera quand même au Farmer's home, évidemment, pour une dernière pinte, ou deux.

vendredi 26 août 2011

Etape 26: Crolly - Strabane / 109 km (1927 km)





L'anniversaire de Stephen n'est que demain mais je trouve que ce serait dommage de passer la nuit a une 20aine de km de sa maison pour ne pas voir grand chose de plus. Et puis, j'aimerais revoir des amis de Strabane qui ne seront pas de la party et surtout, surtout Stephen a fait du curry thailandais et le curry thailandais de Stephen touche au divin. On applanirait des montagnes pour son curry. Si j'avais été à Cork la veille je serai quand même parvenu à Strabane à temps. On est capable de tout pour le curry de Stephen!



Et tant mieux car aujourd'hui, j'ai bien besoin de motivation pour parcourir les 110km de la journée dont une bonne partie dans la montagne avec un vent de face a encorner les moutons avec les cornes des boeufs du champs voisin. Et pour pimenter le tout, je dois arriver assez tôt si je veux respecter mes engagements. Alors je pédale dur mais je n'avance pas! Et ça m'énerve car je dois être a strabane pour 17h. M'enfin, ça ne m'empêchera pas de commencer par un petit détour par le Bloody Foreland (dispensable si ce n'est pas au soleil couchant).



Comme la fois dernière, pas un arbre, pas une haie pour faire obstacle au vent. La route fait des boucles mais peu importe la direction que je suis, j'ai toujours le vent dans le nez. Ca sert à quoi d'avoir des montagnes si elles ne protègent même pas du vent?!! Et puis ca monte, ca n'en finit pas! Alors comme la fois dernière, je plonge la tête dans le guidon, visière baissée jusqu'au menton et j'appuie. J'avance tellement vite que je peux compter les gravillons sur le bord de la route. Mais je continue d'appuyer. Le vent m'apporte déjà des effluves de curry vert qui me titillent les narines. Alors j'appuie et de temps en temps, je relève la tête et je suis presque surpris de me retrouver au milieu de cette lande rousse, de voir ces rochers éparpillés partout. Et je me dis que j'ai quand même de la chance de me trouver ici, dans cet endroit magnifique que je vais bientôt devoir quitter. J'amorce enfin la descente et le slalom entre ces £*%# abrutis de moutons commence.



Finalement, j'arrive à Letterkenny avec 1 heure d'avance sur mon horaire limite. Je me pose une heure puis je repars mais beaucoup plus tranquillement. Le bocage me mets un peu a l'abri du vent et il ne me reste plus qu'une petite 30aine de km jusqu'à Strabane. Je roule au pays des teletubbies: les collines forment des bosses toutes rondes. Je joue aux montagnes russes. Je fais un autre petit détour par le Beltany stone circle puis je décide de passer par Clady pour faire un petit coucou à Imme, une collègue de Stephen qui habite les environs. Jan, un ancien assistant lui aussi, est déjà là.



Il me rejoindra pour goûter l'excellente cuisine de Stephen puis pour aller au pub où je rejoins Hélène et Ciara puis James, Michael, Sean et Jonathan. Les festivités peuvent commencer!

mercredi 24 août 2011

Etape 25 Errigal - Crolly / 31 km (1818 km)





Pff du grand n'importe quoi aujourd'hui! Pourtant, ca avait bien commencé.



Je me lève de bonheur car la météo prévoit une belle matinée mais une après-midi pluvieuse et je n'ai pas envie de rater l'ascension du mont Errigal. Aprés une montée de 4 km à vélo qui sera mon échauffement, j'arrive au point de départ de la rando. Une dizaine de personnes sont déjà à l'assaut de la montagne qui culmine à 752 mètres.



Le début est difficile car marécageux. Je gère bien les 10 premiers mètres mais je ne tarde pas à m'enfoncer dans la tourbe jusqu'au genoux.  Vu l'état du pantalon de certains, j'aurai pu faire pire. Je comprends mieux pourquoi le gérant de l'auberge m'a dit que je pourrai pendre une douche au retour même si j'ai rendu les clefs. D'ailleurs, l'auberge est trés bien pour les randonneurs et on prend le petit déj copieux devant un superbe panorama. Dommage qu'elle manque de fun.



Le sentier devient rocailleux et la pente s'accentue. Mais l'ascension n'est pas bien difficile. Je double les randonneurs un à un mais je ne serai pas le 1 er au sommet car je croise un français qui redescent tranquillement. En fait, le malin a planté sa tente en haut la veille et a profité d'un merveilleux couché de soleil. Je veux bien le croire car vu d'en bas il était déjà magnifique. Mais je me demande vraiment où il a pu dormir car il n'y a pas beaucoup de place sur la tranche du sommet. En tout cas, la vue est magnifique. Depuis le temps que je voulais gravir ce mont, je ne suis pas déçu!



En descendant, je recherche des bilberries, des espèces de myrtilles sauvages dont m'a parlé un anglais à l'auberge. Il en avait cueilli plein. Mais il a dû tout prendre car je n'en trouve qu'une seule... Pas grave, elle était délicieuse!



A partir de là, tout part en vrille. Je pensais aller poser mes affaires dans une auberge à Derrybeg et parcourir les Rosses en toute légèreté. Je fais même des courses en chemin, persuadé de pouvoir cuisiner le soir. Mais arrivé à Derrybeg, point d'auberge. Et la pluie annoncée arrive sur moi. J'ai 2 solutions, soit partir vers le nord, dans le sens du vent et me taper la pluie pendant tout le trajet sans savoir où je vais dormir, soit partir vers le sud rejoindre le soleil et une autre auberge située une 20aine de km plus loin mais à l'opposé de mon but. Je choisis cette deuxième solution et heureusement, en chemin, je passe devant un camping où je décide de faire étape.



Je me suis donc moins éloigné que prévu mais je suis quand même loin. Il est clair que je devrai sacrément raccourcir la version déjà raccourcie de mon itinéraire (ça fait longtemps que j'ai abandonné l'idée d'aller jusqu'à la chaussée des géants) vu que je dois être à Omagh dans 2 jours...  Je pourrais couper, mais je veux absolument parcourir le bloody foreland tout au nord-ouest. Je me prépare donc à une très longue journée de vélo demain car malgré ce détour j'espère me retrouver dans la région de Letterkenny pour passer la nuit et me rapprocher un max de Strabane.



On verra demain. En attendant, je m'enfuis au pub car le camping derrière ses airs mignons est infesté de milliard de midges de &@%€, des bestioles machiavéliques!!!

Etape 24 Endroit secret - Mont Errigal / 97 km (1787 km)





Il a été très difficile de faire comprendre aux automobilistes du pub hier qu'à vélo, on ne fait pas que se translater de A à B mais que tout le chemin entre A et B fait partie de la destination et que donc je ne prendrai pas la route qu'ils estiment être la meilleure car la plus large et la plus rapide. D'ailleurs, ils n'ont pas compris du tout mais c'est pas grave, je n'en ferai qu'à ma tête. Et j'ai bien eu raison: j'ai vécu aujourd'hui l'une des plus belles journée de vélo depuis mon départ. 97 km de destination continue et ininterrompue. 



Tout d'abord, je tombe sur une petite ligne de chemin de fer maintenant touristique mais qui était autrefois la seule liaison ferroviaire du Donegal. Le tronçon qui reste serpente le long d'un lac au bord d'une montagne et tout à coup j'aperçois la minuscule loco et son unique wagon. Le chauffeur donne des coups de sifflet et les passagers me font de grands signes à leur passage.



Puis je continue à travers le Glenveagh National Park qui m'offre l'un des plus beaux et âpres paysages du Donegal. D'ailleurs le Donegal est sauvage et ne se laisse pas aussi  facilement photographier que les autres endroits d'Irlande. C'est peut-être pour cela qu'il y a moins de touristes ici.



Je dépasse alors deux personnes armées de jumelles et d'une sorte  de télescope. Ce sont Paul et Isabel, deux locaux, qui observent les oiseaux. Ils me laissent admirer dans leur télescope le vol de 2 golden eagles, des oiseaux de près de 2 m d'envergure, et un faucon pélerin perché sur un rocher dont la présence m'aurait totalement échappé si je ne les avais pas croisés.



Je m'arrête ensuite à la Glebe gallery qui expose des tableaux de peintres irlandais du XXe s. pour une petite pause culturelle et surtout pour recharger les batteries du téléphone comme du bonhomme.



Mais je n'étais pas encore au bout de mes surprises car la route vers le mont Errigal, point culminant de mon étape, est bloquée... Cependant, les ouvriers me laissent passer de bonne grâce alors qu'ils détournent toutes les voitures de leur direction. J'ai donc la route toute entière pour moi tout seul sur une dizaine de km jusqu'aux pieds du mont errigal. Heureusement qu'il ne m'est rien arrivé car j'aurai pu toujours courir pour rentrer en stop. 'fin, j'ai quand même croisé les ouvriers qui refaisaient le revêtement et que j'ai fait marrer car j'ai été obligé de poser pied à terre à un mètre de la partie asphaltée après avoir réussi à traverser une mer instable de gravier. En tout cas, merci à eux car ils m'ont permis de profiter de ce moment spécial.



Et j'arrive enfin à l'auberge de vieillesse (je dois être le résident le plus jeune ici !) située au pied du mt Errigal que je gravirai demain... s'il fait beau pour la 4e journée consécutive. Ce serait incroyable, non?



Par contre, le pub est trop loin, je me coucherai tôt ce soir et je me rattraperai demain!

mardi 23 août 2011

Etape 23 Donegaltown - Endroit secret / 73.5 km (1690 km)





Après une séance photo entre cyclistes, je m'en vais pour Portnoo. Je ne longe pas la côte sud mais je coupe directement à travers la campagne vers les Bluestack mountains. Mais malgré ma carte et mon gps, impossible de trouver la route que je voulais prendre. Toutes les voies que j'empruntent ne mènent que dans les champs ou chez des gens... Du coup, je suis pratiquement obligé de revenir sur mes pas et je fais un gros détour.



Pour moi qui voulait arriver tôt du côté de Portnoo, c'est mal parti. Mais j'ai la patate, alors je comble vite le retard. Ca doit être le petit dej de ce matin: 2 oeufs, du bacon, du pain avec du choconussa et du VRAI café. 



Les cuissots ont chauffés et la route côtière joue les montagnes russes, mais dès que je suis installé au camping de Rosberg, qui m'a paru être situé au bout du monde, et avoir fait un petit tour à la belle plage de sable blanc qui le jouxte, je repars! Pour me muscler les bras cette fois. Ca me changera! En effet, je veux voir un fort circulaire en pierre qui se trouve sur une île au milieu d'un lac. Il faut donc y aller en barque.



Cet endroit est vraiment spécial. Le fort n'est pas visible depuis la route et aucun panneau ne l'indique. Il faut trouver une toute petite pancarte "boat hire", suivre un chemin de gravier et demander au petit vieux bourru aux manches de tweed complètement déchirées qui habite la maison au bout si on peut louer une barque. Vous avez vraiment l'air de le faire chier mais il vous emmène quand même au lac par un petit sentier. Toujours pas de fort en vue, mais après des manoeuvres difficiles pour extirper la barque de son mouillage et quelques coup de rames, il apparaît de manière quasi magique. Il est tout recouvert de lichen et de lierre. Des poissons mouchent tout autour, le soleil commence déjà à se coucher à l'horizon.



La beauté et l'éloignement du lieu où il se trouve, son aspect tout moussu le fait de ne pouvoir y accéder qu'en barque, le petit vieux qui monte la garde et l'absence quasi totale de touristes en font pour moi l'un des plus beaux forts d'irlande si ce n'est le plus beau. Je ne vous  indique donc pas où il se trouve exactement ni comment il s'appelle mais si vous voulez vraiment y aller, il y a assez d'indications dans ce message pour s'y rendre!



Le pub du coin est d'ailleurs tout aussi difficile à trouver et en plus, ils n'ont pas la wifi... Rats! Mais le coin en bord de mer qui alterne petites criques et plages de sable blanc est fort joli et c'est un régal d'y ballader ses roues. 

lundi 22 août 2011

Etape 22 Cliffoney - Dngltn / 63.5 km (1616.5 km)





Je retrouve mes 3 joueurs de bodhran pour le petit déj et encore plus de scones puis je me remets en route direction donegaltown ou dngltn dans la langue locale. Il fait bon, la route est tranquille et je me dégotte une auberge sympa.



A sligo, on m'a parlé d'un cycliste breton un peu particulier et je suis à peine arrivé que l'auberge s'anime. Un nouveau venu un peu spécial qui n'est personne d'autre que le cycliste dont on m'a parlé tire non pas une remorque mais carrément un bateau avec un mat jusque dans la cours. Forcément, ca attire les regards et ca fait jazzer. Ma monture qui est bien banale attire déjà beaucoup les regards et la sympathie alors je n'imagine même pas les réactions que son équipage peut provoquer et la curiosité qu'il attise. On sympathise tout de suite, c'est vraiment un personnage. Tous les gens présents dans l'auberge, des canadiens, des australiens, des allemands sont d'ailleurs très sympa, à commencer par la tenancière. En plus, c'est un vrai repère de cyclistes. On est au moins 5, ce qui doit à peu près représenter 33% de la population de l'auberge.



Dans la soirée, on va tous au pub écouter de la musique traditionnelle.

Etape 21 Sligo - Cliffoney / 91.5 km (1553 km)





Encore une journée où je n'avance pas et où je finis trempé... De sueur cette fois! Il fait un temps magnifique et je n'avance pas car je n'arrête pas de prendre des photos.



Je roule pendant 85 km mais je ne progresse que de 20 sur la carte. En fait, Je sillonne la sierra irlandaise tout autour de Sligo. D'abord, je repars en arrière pour retourner à Carrowmore afin de prendre quelques photos sous le soleil, puis je vais jusqu'au Mont Knokaera d'où l'on a un point de vue magnifique. La montagne est courronnée par un cairn imposant et massif qui a complètement transformé le paysage. Je laisse mon vélo avec tous les bagages sur le parking pendant une bonne heure et je le retrouve intact au retour. L'irlande est vraiment agréable de ce point de vue. Ensuite, je fais le tour du lough Gill. Des fous s'apprêtent à le traverser à la nage. 8,5 km quand même! Je fais étape au Parkes castle avant d'aborder le massif du Ben Bulben, une montagne qui pourrait très bien se situer dans l'ouest américain, sauf qu'elle est complètement verte. Je la vois sous toutes ses facettes.



Où que je me trouve, je peux voir le mont Knokaera et son cairn. Pourtant, je ne l'avais jamais remarqué auparavant. Je ne sais pas comment j'ai fait pour le louper!



Je pousse jusque Cliffoney et installe mon campement dans une pâture. Il fait tellement beau, ce sera camping sauvage cette nuit. Puis je vais au pub pour trouver de la wifi. Et au moment d'ouvrir la porte, je me fais klaxonner!?! Ce sont les 3 joueurs de bodhran rencontrés dans le Kerry. Ils occupent un cottage dans le coin, prêté par des amis. Je remets la session pub à plus tard car ils m'invitent d'abord à manger. En plus, ils ont fait des scones! Yum!

vendredi 19 août 2011

Etape 20 Ballina - Sligo / 79.5 km (1461.5 km)





Pff, j'ai un peu de mal à émerger ce matin et la pluie est revenue. Le ciel est complètement gris. Je me demande comment font les nuages pour arriver aussi rapidement et aussi nombreux. Je me mets en route vers 11h avec un sacré vent de face et une petite pluie agaçante.



A un moment, je me fais doubler par 2 raymonds. Le 1er me dit bonjour avec un grand sourire. Sympa. Le 2e me double en danseuse avec un air dédaigneux. Toi, mon gaillard, ca ne va pas se passer comme ca. Du coup, je le rattrape et me mets dans sa roue et je ne le lâche pas pendant 2 ou 3 bons kilomètres. Mais quand le type s'est aperçu que j'étais toujours là, il s'est mis à pédaler plus vite et je n'ai pas pu suivre à la deuxième accélération.



Ensuite, je m'attaque aux ox mountains. Ce n'est pas facile. Le mont que je gravis est totalement dégagé et rien ne fait obstacle au vent. Les bourrasques me stoppent net et la pluie me donne gratuitement une séance d'accuponcture dont je me serais bien passé... Plus jamais je ne viendrai en Irlande... À vélo... Au mois d'août... Avant l'année prochaine. Finalement ce n'est qu'un mauvais moment à passer et comme je bifurque pour aller vers Cloonacool, le vent me devient favorable et la pluie cesse. Ouf.



La campagne que je traverse est bien morne ici et personne n'ose mettre le nez dehors. Je ne croise que des moutons. Mais même eux resteraient bien calés au fond du canapé devant la télé s'ils le pouvaient. Plus de murs de pierres ici, plus de panorama à couper le souffle. J'ai l'impression de rouler dans le bocage de thiérache. J'y retrouve même l'odeur de fumier fraîchement épandu.



Pour briser la monotonie, je passe par Carrowmore, un site mégalithique impressionnant non par la taille mais par le nombre. Plus de 60 dolmens, cairns, cercles et tombeaux sont essaimés dans les champs alentour. C'est beau malgré la pluie qui est revenue et le froid.



J'arrive enfin à Sligo trempé, transis et fatigué par cette étape. Je ne sais pas si je vais aller au pub ce soir... Raté, je retrouve des compagnons de voyage. Des autostoppeurs. Et forcément, on va boire une pinte.

Etape 19: Wesport - Ballina / 84.5 km (1382 km)





Avant de partir, je tombe sur un autre magasin de vélos. En fait il y en a 4 à Wesport. C'est un peu le Tir na nog du cycliste ici alors je m'achète des lumières et une chaîne pour remplacer la mienne à laquelle il manque un maillon. J'en trouve une meilleure que la celle que j'avais pour un prix dérisoire. Je suis content, c'est comme si j'avais un nouveau vélo.



Mais je me rends compte que Sligo, c'est un peu loin alors, je décide de faire étape à Ballina, la capitale du saumon et, incroyable! Il fait beau pour la 3e journée consécutive. Enfin, je biaise un peu car près du mont Nephin, je vois la pluie arriver alors je fais demi-tour pour passer par l'autre côté du lac en me disant que le temps que j'arrive, la pluie aura cessé. Ca rallonge un peu, mais d'un autre côté, l'étape aurait été un peu courte autrement. Et surtout, ca marche. Comme quoi quelques kilomètres peuvent faire toute la différence entre une étape pourrie et une étape sympa.



Je trouve au début que les paysages ne sont pas fantastiques. C'est que je deviens difficile avec tout ce que j'ai vu. Mais le mont Nephin et le lough Conn me font vite changer d'avis.



Par contre, je ne vois pas de saumon dans la rivière moy mais je me rattrape au resto avec un mille feuille de saumon et morue avec crème de crevettes sur lit d'épinard frais. Délicieux!



Ensuite: pub pour trouver de la wifi. Dans le premier que je fais, il n'y en a pas mais entre un couple d'une 50aine d'années suivi de 1, 2, 3 ... 10 filles âgée de 15 à 9 ans. Puis elles repartent mais les parents restent. Forcément, ça engage à la conversation. On discute avec les quelques personnes du bar. Les irlandais parlent vraiment de tout et n'importe quoi à une vitesse folle. Ils sont intarrissables, il n'y a jamais de temps mort et j'ai un peu de mal à suivre. Martin, l'homme aux dix filles (mais dont 5 seulement sont à lui, les autres sont leurs cousines), me paie une bière, je lui en repaie une. Je m'en vais aux toilettes et quand je reviens, une autre bière m'attend. C'est mauvais signe quand ça commence comme ça, ça annonce un lendemain difficile...



mercredi 17 août 2011

Etape 18: Lecanvey - Wesport / 13.5 km (1297.5 km)





J'ai appris que les hélicos qui tournaient hier autour du Croigh Patrick n'étaient pas à l'entraînement mais qu'ils ont bien secouru 2 personnes qui ont fait une chute. J'ai donc bien fait attention lors de mon ascension et surtout lors de la descente.



La voie que m'a indiqué le petit vieux est excellente. Je suis un sentier de berger puis ceux faits par les moutons et enfin, je rattrape le sentier de pélerinage originel. C'est un véritable pierrier et j'aurai bien aimé être là pour voir les abrutis qui jadis le montaient à genoux dans l'obscurité. Mais certains le font encore pieds-nus! L'ascension me prend 2 petites heures.



En tout cas, je suis tranquille, sur ma voie, pas de touriste. Et j'arrive si tôt en haut que j'ai le sommet pour moi tout seul. Mais je ne suis pas le premier à y être venu de la journée, je vois 3 silhouettes descendre un peu plus bas. Il fait super beau et j'ai un beau point de vue sur la baie de clew et ses centaines de petites îles.



Une fois redescendu au camping par la voie classique, je fais sécher mes affaires au soleil car il fait vraiment super beau. On dirait qu'une tornade a dévasté mon campement. J'ai même assez chaud pour me mettre torse-poil. J'en profite car les nuages de l'autre côté de la montagne me montrent que ce n'est pas la même histoire partout et surtout que ca ne va pas durer. C'est vraiment une banalité, mais c'est tellement rare que c'est l'un des points forts de la journée.



Ensuite, je prends le vélo pour une toute petite étape jusqu'à Wesport. Deux raisons à cela: je sens que les jambes fatiguent, je n'ai pas envie d'en faire trop et je veux également m'arrêter chez un vélociste pour régler le problème de ma roue. Je me rends dans un magasin de vélos de route à 6000 euros. Mais, je trouve un mécano pour faire une réparation sommaire et améliorer l'état du moyeu à défaut de le réparer totalement. Il démonte le moyeu et lime la cuvette et les billes pour les lisser. Il fait du bon boulot et même s'il y a toujours du jeu, le moyeu ne croque plus, c'est déjà ça.



Et je terminerai la soirée en musique au pub tenu par un joueur des Chieftains.

mardi 16 août 2011

Etape 17: Cong - Leckanvy / 86.5 km (1284 km)





Une longue étape m'attend aujourd'hui pour aller jusqu'à Wesport. Heureusement, il fait beau! J'ai mal géré mes courses alors je vais prendre le petit déj en ville: le vrai petit déj irlandais + le petit déj continental. Après ça, je suis prêt à avaler des kilomètres!



Je traverse un pays montagneux, on dirait la suisse. Enfin, j'en sais rien, je n'y suis jamais allé! L'ombre des nuages jouent à s'attraper sur le flanc des montagnes d'où s'écoulent de longues crinières blanches. Soudain, je ressens une drôle de sensation que je n'avais pas ressenti depuis longtemps: la chaleur du soleil qui me chauffe la peau et dans laquelle se prélassent les moutons, eux qui avaient l'air si malheureux hier. Serait-il possible que j'ai bronzé en plus ?!



J'arrive à Leenane, la capitale du mouton. Je m'arrête à un pub pour souffler un peu. Je ne comprends rien à ce que les locaux octagénaires baragouinent, mais leurs tentatives pour draguer les randonneuses anglaises me font marrer.



Je longe ensuite une rivivière que 2 moutons remontent. Ils doivent se prendre pour des saumons! D'ailleurs, j'en aperçois 2 sauter hors de l'eau. Ca me donne faim. Je m'arrête dans un fumoir local, ça me fera mon repas du soir.



Puis je contourne l'imposant Croaigh Patrick au pied duquel se niche un petit camping. C'est 12 euros la nuit + 1 euro pour la douche. C'est l'endroit idéal pour m'arrêter si je veux randonner sur la montagne demain mais c'est cher et je commence à en avoir marre de ce systéme (bientôt un post là-dessus) alors je marchande un peu. J'obtiens bientôt la douche gratuite, du pain pour mon saumon, du beurre, des tomates et du lait. Le type me prêtera aussi un bâton pour escalader le mont demain.



Allons fêter ça au pub!



Etape 16: Letterfrack - Cong / 68.5 km (1197.5 km)





'tain, c'est pas vrai! Ils ont un quota sur les jours de beau temps ou quoi!? Ca y est, il pleut à nouveau. Pas moyen d'avoir plus de 2 jours sans pluie d'affilé. Je remballe trempé et la pluie ne me quittera pas jusque Cong.



Il ne s'arrête pas de flotter. Je ne peux pas apprécier les 12 pins (monts du connemara) que je devine à peine dans la brume alors que je passe au milieu d'eux. Un type en pick-up se met à ma hauteur et me propose de m'emmener. Voilà encore un bel exemple de la gentillesse légendaire des irlandais. Je viens à peine de commencer à rouler, je décline l'offre. 15 km plus loin, ma réponse aurait certainement été différente!



Le paysage autour de Cong est certainement très joli, mais avec la pluie et le brouillard, je ne peux que l'imaginer. Tant pis. Le lac Corrib, me fait cependant penser à l'antithèse du Connemara. C'est un gigantesque étang saupoudré d'innombrables îlôts alors qu'avant-hier, je traversais des étendues parsemées d'innombrables petits lacs.



J'arrive à l'auberge complètement trempé et transis de froid et l'accueil n'est pas pour améliorer mon état. Pas grave, je me trouve vite un compagnon de voyage, Ulysse le bien nommé, pour aller se sécher au pub.

Etape 15: Clifden - Letterfrack / 28.5 km (1129 km)





Ouch, je ne me lève pas très tôt après la soirée d'hier. On a fait tous les pubs de Clifden et même la fermeture de la boite locale. C'était très intéressant d'un point de vue sociologique.



Du coup, je ne me mets en route qu'à 13h. Il fait beau alors je décide d'écourter l'étape (je devais aller jusque Cong). Je fais d'abord un détour par la Sky road, joli mais pas transcendant. J'ai le vent de face au début et j'en savoure toute la puissance car tout à l'heure et demain, je l'aurai dans le dos. Puis je pose le vélo et je vais grimper en haut de Diamond Hill, une petite montagne qui domine tout le Connemara national park et je m'installe au old monastery hostel, une auberge de hippie très babacool, pour passer la nuit. Il n'y a qu'à voir la tête des douches hyper funky. L'ambiance est sympa et certains voyageurs viennent ici spécialement pour l'auberge.



Je suis content de terminer une étape au sec. C'est tellement plus simple quand il ne pleut pas.



Le gérant a même un atelier vélo. J'en profite pour voir ce qui cloche avec ma roue avant. Le bruit qui m'avait laissé tranquille dans le Connemara pour que je puisse apprécier toute la désolation du paysage dans la sérénité est revenu. Je pensais que ça venait des roulements. Ma théorie s'avère correcte vu que maintenant que j'y ai touché, c'est pire! Le moyeu est foutu. Les roulements étaient trop serrés, ce qui a abîmé la cuvette et certaines billes. Et maintenant il est impossible de ne pas avoir de jeu. Je savais que c'était de la mauvaise qualité, mais à ce point!



Bon, allez, je vais me consoler au pub!

dimanche 14 août 2011

Etape 14: Galway - Clifden / 88 km (1100.5 km)





Le groupe du pub hier m'a achevé en me fracassant les oreilles. Je ne suis donc vraiment pas fâché de quitter Galway. Il faut encore que je me tape une vingtaine de km avant de me retrouver plus au calme et de trouver des chemins intéressants pour éviter la circulation.



Par contre, c'est la dernière fois que je mets les pieds chez un vélociste! Je regonfle mes pneus, on discute chaîne de vélo, et quelques km plus loin, en haut d'une côte pas très loin de Galway, pof, je déraille. Non! Je casse ma chaîne! Il y a de quoi devenir superstitieux!



Je ne commence pas par jeter mon vélo dans un talus pour passer mon énervement, non, non! Je me vois déjà en belle galère car je n'ai pas de maillon en rab et que j'ai eu un mal de chien à refermer la chaîne à la maison. J'improvise un atelier de campagne, facile, il y a des grosses pierres partout. Le maillon est complètement tordu mais je n'ai pas perdu le rivet. Je le remets tant bien que mal et là, je pète mon dérive-chaîne... Pour remettre un rivet, ca va encore, mais je ne pourrai plus l'utiliser pour dériver. Finalement, l'opération s'effectue assez rapidement. Je repars donc serein et assez content de moi car j'ai moins galéré qu'à la maison. Je me demande quand même quelle connerie j'ai pu faire, ca me paraît trop facile. Mais non, j'ai tout bien remonté correctement. Je me demande aussi combien de temps la chaîne va tenir cette fois. Je ne tarde pas à le savoir, elle recasse peu après et je suis perdu en plein Connemara. Mais je suis calme, la première réparation m'a donné confiance en moi. Sauf que cette fois, j'ai perdu le rivet. Il va donc falloir que j'enlève un maillon... Sans dérive chaîne. Je me débrouille avec une grosse pierre et ma clef d'antivol de roue qui a des ergots. Et je reprends la route dans au bout de quelques minutes. Pour l'instant, ça tient toujours.



On m'aurait parachuté au coeur de la Mongolie que je ne serais pas plus dépaysé. L'environnement ici est austère, encore plus que dans le Burren. Même les moutons ont déserté l'endroit. Ici, il n'y a que des champs de tourbe. Je m'imagine donc traverser le Turfmenistan (turf = tourbe). Ici tout est tellement humide que tout rouille: l'herbe, la pierre, les algues, la sonnette de mon vélo. L'eau elle-même rouille. Ca surprend quand on va aux toilettes: "Rhô mais quel est le gros dégueulasse qui n'a pas tiré la chasse! Ah ben non, en fait c'est juste la couleur de l'eau..."



Je me coltine un sacré vent de face qui n'arrête pas de souffler car dans la lande, il n'y a rien pour couper sa route. Mais je suis tellement absorbé par le paysage que je ne m'en soucie guère même si je tire la langue sur la fin. La batterie de mon téléphone est encore tombée en rade, je ne sais donc pas combien j'ai fait de km. Un cycliste rencontré au camping me dit une centaine. On verra bien.



Après tant de solitude, l'arrivée sur la touristique et bouillonnante Clifden me fait comme un choc. Avec toutes ces histoires, j'ai oublié de manger ce midi, je ne me suis gâvé que de barres de céréales. Les agneaux croisés sur la route avant d'arriver m'ont mis l'eau à la bouche. Ce sera donc resto et lamb shank ce soir.



Aller, maintenant c'est à mon tour de souffler un peu... Mais non, je tombe sur 3 francais rencontrés à Doolin. (en fait je ne fais que ça de retrouver des gens, normal on suit un peu tous la même route). C'est leur dernière soirée en Irlande, ils veulent faire la tournée des pubs... Bon, tant pis, je soufflerai demain!

samedi 13 août 2011

Etape 13: Doolin - Galway / 78.5 km (1012.5 km)

Je savais que ca allait être une étape de merde, mais j'ai eu beau me préparer psychologiquement, j'ai vraiment eu du mal sur cette journée.

Déjà, j'ai du mal à quitter Doolin. Je pars donc à 12h30 au lieu de 10h. Le temps pourri annoncé est bel et bien là. Mais malgré tout, j'ai un sourire jusqu'aux oreilles sur les 30 premiers kilomètres en repensant à tout ce qui s'est passé ces 3 derniers jours. Je ne suis resté à Doolin que 3 nuits, mais j'ai l'impression que ça fait beaucoup plus. J'en ai plein la tête et je fais à peine attention au paysage lunaire tout embrumé


Ah ouais, il fait bien moche et pourtant...



Dix kilomètres plus loin... 8°c de plus !


Je fais une halte à Ballyvaughan où je rencontre une cycliste suisse-russe qui veut descendre de Galway à Cork en 1 semaine. Elle ne prendra donc que les gros axes. Je ne sais pas comment elle peut supporter... Car pour se rendre à Galway, on est obligé de prendre de la grosse route bien grasse et l'intensité du trafic m'insupporte au plus au point. S'il avait fait beau, j'aurai bien fait quelques détours pour en éviter le maximum. Mais la pluie qui ne m'a pratiquement pas quitté depuis mon départ ne me donne même pas envie de m'arrêter à Kinvarna, un joli village de pêcheurs coloré. Le seul point positif, c'est que le vacarme des voitures masquait un claquement qui est apparu dans la roue avant peu après Ballyvaughan et dont je n'ai pas réussi à décelé l'origine, ce qui n'a pas arrangé mon humeur.

Après un séjour luxueux au Aile Riverhouse hostel, le retour au camping classique allait être une grosse claque mais à ce point, je ne m'y attendais pas. Le terrain est minable et bruyant, exposé à tous les vents. Je devrais peut-être faire comme les néerlandais finalement: me renseigner avant... Heureusement, je tape la discute avec un couple de suisse (décidément) qui terminent leur voyage aujourd'hui et qui sont un peu déçus de leur journée pour les mêmes raisons que moi.

Bon, allons nous consoler au pub maintenant. Normalement, demain il fait beau et je slalomerai entre les lacs du Connemara.


Galway, ville aux mille pubs mais dont le charme me laissera indifférent

Etape 12: le Burren / 92.5 km (934 km)



Il ne fait pas tellement plus beau mais au moins ca ne souffle plus. Il était temps de reprendre le vélo, il commençait à rouiller derrière la tente.

Je pénètre donc dans le Burren, ou plutôt la brume du Burren pénètre mes vêtement et je me retrouve vite trempé de part en part. Mais il ne fait pas froid. Déjà 50 km effectués dans la lande solitaire. J'en ferai environ 85. Je suis heureux de reprendre le vélo en parcourant cet endroit fantasmagorique qui ne se laisse découvrir qu'à la seule volonté du brouillard. Je visite 4, 5 sites mégalithiques plus ou moins connus. Je me retrouve par erreur dans des chemins de terre perdus. Je dépasse un couple allemand en vadrouille sur un tandem avec qui je discute un moment. Par contre, pas de photos, j'ai oublié l'appareil dans la tente... Pas grave, c'est dans la tête. Dans mon souvenir, le Burren était vraiment gris. Il m'apparaît aujourd'hui très verdoyant. On se demande pourquoi! A un moment, je me retrouve sur une route où j'ai l'impression de rouler sur une mer aux vagues de verdure et à l'écume de pierre ou l'inverse. Je fais bien attention de rester sur la mince langue d'asphalte pour ne pas me noyer.


J'ai quand même pris quelques photos avec le téléphone...




Message qui fait plaisir au bout d'une rude ascension

Je rentre vers 19h00, un peu fatigué mais je suis accueilli par une pinte de Bulmers, offerte par 3 français sympas qui me font aussi des pâtes. Elle est vraiment bien cette auberge! Entre ceux qui font mon café, ceux qui me font à manger et ceux qui font ma vaisselle, je m'y sens vraiment à l'aise. Tout le monde (ou presque) est très sympa. Personne (ou presque) ne se la raconte. La Blarney stone a vraiment fait son effet, je discute avec tout le monde: des français, des américains, des allemands, des belges wallons et flamands, des irlandais et notamment un couple de néerlandais qui voyage aussi à vélo. Ils font à peu près le même itinéraire que moi mais dans l'autre sens et eux sont 3000 fois plus organisés que moi. Ils savent combien de km ils doivent faire par jour, où ils dorment tous les soirs, l'itinéraire exact à emprunter. Je trouve ca à la fois impressionnant et un peu triste: où est la spontanéité dans tout ça? La joie de la découverte?

D'ailleurs, je vais encore changer mon itinéraire car 4 personnes différentes m'ont dit qu'il fallait absolument passer par Cong dans le Connemara.

Bon, maintenant que je suis requinqué on peut aller au pub!

mercredi 10 août 2011

Repos forcé

Rafales de vent de 90 km/h aujourd'hui donc l'expédition vélo dans le burren est reportée à demain... S'il fait beau...

Je passe donc une journée très tranquille à discuter avec les gens après une nuit plutôt agitée où tout le monde essayait de retenir sa tente pour ne pas qu'elle s'envole.


Ah oui, quand il fait moche, il fait moche !

Mahindra, un singapourien m'apprend à jouer au backgammon à moi français en Irlande. Jeu qu'il a lui même appris au Japon d'un allemand. Ca me laisse rêveur.

Ensuite, je me dis que c'est une bonne journée pour écrire des cartes postales. Et finalement, je trouve que ca fait du bien de se poser des fois.


Mon vélo a moins apprécié... Après 3 jours sous la pluie, il commençait à rouiller...

mardi 9 août 2011

Etape 11: Killrush - Doolin / 63 + 33 km (841.5 km)



Pas de soucis particuliers pour ma 1ère nuit de camping sauvage. Il n'a pas plu, il n'y avait même pas de midges et je ne me suis pas fait bouffé par les chiens. Par contre, je me suis réveillé tôt et je suis sur le départ à 8h30.



Je devrais faire ça plus souvent car du coup j'arrive à Doolin vers 13h et je peux faire plein de trucs comme une lessive (gratos en plus; l'hostel s'appelle Aile River House pour ceux que ça intéresse).

Je suis accueilli au son du tin whistle. Mais ce n'est pas un Leprechaun, c'est une parisienne qui improvise ensuite un mini concert dans le camping avec deux autres comparses au violon et à la flûte traversière pendant que notre linge sèche.

Puis je repars pour les cliffs of moher le vélo léger et en sentant bon la lessive irlandaise.





Tout propre en haut de la falaise !

Je fais une bonne balade car demain le temps redeviendra pourri. Je fais même un peu de vtt pour atteindre un château en ruine tout au bout des falaises en passant par des carrières de pierre.




Je préfère laisser le vélo là et continuer à pied le long de la falaise

Ici, tout est en pierre. Même le toit des maisons! Tu me diras l'ardoise c'est de la pierre non? Mais c'est fin alors qu'ici c'est des bonnes tranches bien épaisses.



Comme je n'ai pas encore fait d'indigestion de pierres, demain j'irai explorer le Burren, qui n'est qu'un immense caillou.

lundi 8 août 2011

Etape 10: Tralee - Killrush / 77 km (744.5 km)



Etape de transition comme on dit dans le jargon ;)

Je suis heureux de trouver enfin un peu de plat (relatif). Et je trace! Le vent de 3/4 dos n'y est pas pour rien non plus. Ma vitesse flirte souvent avec les 30 km/h et je double même un tracteur qui me klaxonne joyeusement. A un moment, je fais même 190 km en 20'. En fait, c'est le détour que m'évite le ferry (un bac plutôt) de Talbert à Kilimer.


La baie de Talbert




Sur le ferry


Je casse la croûte à Listowel, joyeuse petite bourgade aux échoppes pittoresques et aux pubs accueillants. Une bonne étape pour un prochain voyage. La ville contraste drôlement avec Tralee, ville grîsatre et sans âme, vendue aux enseignes internationales et où fleurissent les kebabs. Impossible d'y trouver un fish n' chips hier. J'ai dû faire 3 fois le tour de la ville avant de me rendre compte qu'un fast food aux allures de diner américain était en fait un "traditional ITALIAN fish n chips" tenu par deux roumaines. Et en plus les pubs étaient glauques.

Aujourd'hui, je termine la journée à Killrush qui heureusement ressemble plus à Listowel qu'à Tralee. Par contre, pas de camping. Mais le temps est bon, ce sera donc camping sauvage pour cette nuit. Un gamin que je croise avec sa mère me propose même de dormir chez eux. Je décline l'invitation au grand soulagement de sa maman!


Bien planqué au fond d'une pâture


J'installe mon campement puis je vais me baigner à la plage toute proche. Que demander de plus ? Un pub avec wifi pour recharger le portable. Y'en a aussi.


Hop, petite baignade vespérale

dimanche 7 août 2011

Etape 9: Dingle - Tralee / 80.5 km (667.5 km)



Soirée exceptionnelle au Dick Mack's où tout le pub chantait à plein poumon debout sur les tables et une guitare qui passait de mains en mains.


Dick Mack's

Réveil pas trop matinal donc. Il a encore plu cette nuit, tout est trempé. Le terrain de camping ressemble plus à celui d'un festival avec toute la boue qu'il y a. Je m'allège un max avant d'affronter le connor pass dont tout le monde dit qu'il est exceptionnellement dur. Donc je baffre tout ce qu'il me reste de bouffe. Finalement, la pente est certes très longue mais plutôt douce et surtout régulière même si elle s'accentue peu à peu tout au long de la montée. Donc il ne présente pas de difficulté particulière et la vue sur la baie de dingle comme de tralee est somptueuse. Une famille avec des enfants d'une dizaine d'années à peine est d'accord avec moi sur la difficulté. La descente est un peu plus délicate à négocier car il faut slalomer dans un couloir étroit, humide et tortueux entre les voitures et les brebis qui traversent n'importe comment. D'ailleurs, les caravanes et les camping cars y sont interdits. Les voitures sont vite laissées sur place car elles ont du mal à se croiser et tout se passe bien.


Vue du Connor Pass



En chemin...

Les réelles difficultés commencent quand je m'attaque aux slieve mish mountains pour éviter la route côtière trop fréquentée. Je dois les traverser deux fois et ce sont de vrais murs! Le premier passage n'est pas trop long mais ultra raide. Je dois m'arrêter une première fois pour reprendre mon souffle puis une deuxième parce que ma chaîne saute. Mais ça n'a avancé mon arrêt que de quelques centimètres. Je m'écroule sur le vélo. J'ai l'impression que mon coeur va éclater! Je me retourne pour admirer le paysage et j'aperçois un Raymond Boyaux qui a été lui aussi stoppé net par la pente. Au sommet on discute un peu tour de France. Il est même allé en Vendée pour le départ de la course. Heureusement que j'ai suivi un peu cette année; je suis capable de lâcher quelques noms! Puis on descend chacun de son côté car il veut retenter l'ascension d'une traite. Comme il ne me rejoint pas dans la descente, je doute qu'il ait réussi...

Avant la difficulté suivante, un type du coin me prévient: attention, c'est pentu par là-bas!
Et il avait raison! Mais ce qu'il ne m'avait pas dit c'est que la montée était interminable. Et comme si ça n'était pas suffisant, un vent de face qui me ferais reculer sur du plat se met à souffler.

Je monte péniblement, la visière de la casquette masquant la route et je compte les tours de pédales en essayant de ne pas regarder le sommet qui ne semble pas se rapprocher. Je ne suis pas fâché d'en voir le bout et d'apercevoir enfin Tralee, ville étape du jour, qui s'étend dans la vallée.

Et après les montées, la joie de la descente. Youhouuuuu !


Mais elle est où la route ?

samedi 6 août 2011

Etape 8: Boucle autour de la péninsule de Dingle / 49 km (587 km)



Belle journée ensolleillée. Pourtant c'était pas gagné: il pleuvait de la bonne pluie bien grasse toute la matinée jusqu'à 13h. Mais après du super temps irlandais avec ce qu'il faut de vent, de nuages et de pluie (c'est à dire au loin) et du soleil !!!


Maison tout en pierre


Huttes préhistoriques

J'en ai bien profité car ça ne va certainement pas durer malheureusement. La péninsule de Dingle est vraiment une merveille. Un randonneur tend son pouce pour rigoler à mon passage. Il a tellement l'air crevé, j'ai presqu'envie de le prendre.




D'ici, on voit très bien que les îles Skellig n'existent pas en fait. Tout ça n'est qu'un mythe !





Ah oui, un truc rigolo: je vais visiter un oratoire. Le routard dit qu'on peut éviter de payer en passant par derrière. Un truc de resquilleur, me dis-je. Bon, je tente le coup. Arrivé sur place, je trouve une guérite et un gardien. Ah, ils ont compris le truc, me dis-je. Mais non, le type me tend un ticket sans me demander d'argent alors que si j'étais passé par le parking c'était payant! Ils sont dingues ces irlandais!

Les automobilistes

En général, les automobilistes sont assez sympa. Ils ralentissent bien, ils doublent au large quand ils le peuvent et s'ils ne peuvent vraiment pas faire autrement, ils passent près mais à vitesse très réduite.

Du coup, je les aide autant que possible, je me mets sur le côté, je me lève pour voir si rien ne vient en face, et je leur fait signe de passer. Ca sert pas à grand chose, mais ils sont contents de gagner 3/100e de seconde et j'ai le droit à un petit signe amical.

D'ailleurs, des signes, ils en font pour tout et n'importe quoi. Rien que le fait de se croiser et hop un petit signe! Mais ils ne font pas signe comme nous en France. Leurs mains ne quittent pas le volant. C'est donc un geste discret mais étonnament visible.

Et il y a autant de styles que de conducteurs et ça m'amuse d'en répertorier de nouveaux en route. il y a, du plus courant au plus original:

- le "the mighty lord is watching us from above" : index pointé vers le ciel
- le "I want you for US army" : index pointé droit vers toi
- le "pope john Paul II" : 2 doigts pointés vers le ciel
- le "peace man" : pas la peine d'expliquer
- le "Hola, que tal" : l'index fait une ola de gauche à droite
- le "claws of death" : la main repose sur le volant avec les doigts à demi tendus vers toi. Ca fait un peu peur, mais en fait c'est amical !
- Le "Cowboy Bob" : les 2 index tendus vers toi
- le "tea for 2" : Seul le petit doigt est levé

J'ai pas encore vu le "death metal" (l'index et le petit doigt levés) mais j'aimerai bien le voir. ..

Bon ca y est, il s'est arrêté de pleuvoir, je vais pouvoir arrêter de dire des conneries et me balader autour de la péninsule de Dingle

So long, guys (4 doigts levés, main sur le guidon)

vendredi 5 août 2011

Etape 7: Glenbeigh - Dingle / 86 km (538 km)



Bon aujourd'hui étant mon anniversaire, je me suis payé une nouvelle roue avant. C'est à cause de Martin (le randonneur allemand que j'ai rencontré hier). On n'aurait jamais dû parlé crevaison et solidité du matériel.

A Killorglin, j'avise un magasin de vélo et je me dis que mes pneus auraient bien besoin d'un petit remontant. Je m'arrête donc pour emprunter une pompe mais ironie du sort, je crève un km plus loin à peine à cause d'un méchant tesson de bouteille. Je répare. Je me dis que ça pourrait être pire... Il se met à pleuvoir. Je gonfle la nouvelle chambre et dans mon enthousiasme, je pète la valve (!). Pas grave me dis-je sans donner un coup de pied d'énervement dans ma pompe. Non, non. Je redemonte, rustine. Colle. Il ne m'en reste pratiquement plus et elle est toute sèche (à cause des prépar hâtifs) mais, miracle, ça tient! Je me remets donc en route et là je sens un truc bizarre dans ma poignée de frein. Je vérifie. La jante est recourbée sur prés de la moitié de la roue. Ses vieux alliages n'ont pas supporté les 6 bars de pression que je leur ai mis.


C'est un peu plus loin que je pète ma roue...

C'est trop dangereux de continuer comme ça et je ne sais pas si je trouverai un magasin de vélo à Dingle... Je retourne donc au magasin ma roue sous le bras. Le type est sympa. Il n'a pas du matos de pointe mais il me degotte une roue pas trop mauvaise pour pas trop cher. Je monte le tout et je lui demande une pince pour désosser mon moyeu-dynamo que je veux récupérer. La pauvre bête est mise à mort. Les rayons sautent partout dans le magasin (on a vite changé de technique!). Après 10000 km de longs et boyaux services, ca fait un petit pincement au coeur.

Mais pas le temps de verser une larme, je repars tambour battant vers Dingle (ma nouvelle roue est une "bronx"). Bonjour l'étape de transition tranquille! Adieu l'idée d'arriver tôt à Dingle. Adieu musique et recharge de l'iphone en cours de route... Les voitures m'enervent. Les chauffeurs ont beaux êtres attentionnés ( bientôt un post là-dessus), ils sont nombreux et leurs roues font trop de bruit. Je rallonge donc par des routes moins fréquentées et moins exposées au vent mais plus vallonnées.



La solitude et le calme m'apaisent et à la sortie d'un virage, j'aperçois une jolie crique que domine une tour en ruine, le Minard Castle.



L'endroit est agréable, la mer séduisante, je me baigne. Je me demande même si je ne devrais pas y passer la nuit... Mais bon, rester seul le jour de son anniv, bof !



En route pour Dingle et ses pubs !

Etape 6: Ballinskellig - Glenbeigh / 86 km (452 km)



Grosse déception aujourd'hui: Je n'ai pas pu aller sur skelligmichael un bout de caillou hérissé sur l'océan où des moines tarés ont décidé de s'installer un jour. Maintenant, il ne reste que des ruines, mais le lieu doit être assez incroyable.

Je ne le saurai pas... D'abord, le temps est incertain et on ne sait pas si les bateaux vont prendre la mer, puis c'est complet, mais on veut bien me faire une petite place puis on me dit que c'est 60 euros et qu'on n'accepte pas la carte bleue... Je peux très bien attendre le lendemain et aller chercher des sous entre temps, mais ne sachant pas si le bateau partira ou pas, je préfère ne pas m'éterniser et prendre la route que j'aurai dû prendre hier.


Skellig qui me nargue...


Et là Skellig est vite oubliée, perdue dans le brouillard. Ca monte sec, d'ailleurs je me fait applaudir au sommet d'un raidillon un peu avant Portmagee puis j'arrive dans la black valley avec son fameux pass (trop compliqué à réécrire!). Je me cale un petit Creedence Clearwater Revival qui m'accompagne à merveille dans les grands espaces irlandais.
Les paysages sont vraiment à couper le souffle, autant que les montées sont casse-pattes.


Gasp !

11,5% en montée selon mon gps qui a tendance à aplanir les difficultés et 17,5 en descente pour un total de 1000m d'ascension. Le pass est vraiment à la hauteur de sa réputation et encore une fois je me fais encourager par un des rares automobilistes locaux que je croise et lève son pouce avec un large sourire admiratif. Ça m'aide à tenir la distance.

Ensuite, j'apprécie la descente qui se fait en solitaire dans une vallée immense et sauvage.


Wild wild west

Puis je longe un lac et j'arrive sur Glenbeigh oú je retombe sur un randonneur croisé à Killarney.



Cette fois on ne fait pas que se dire bonjour. On discute un peu. Il est dans le même trip que moi mais à pieds. Ca me rassure qu'il y ait d'autres gens normaux ^^. D'ailleurs, il est encore plus normal que moi, il n'a même pas de téléphone!

mercredi 3 août 2011

Etape 5 : Carrauntoohill - Ballinskelligs - 120 km (366 km)



Quand on vous dit de l'Irlande qu'il y fait le temps des 4 saisons dans la même journée, ne le croyez pas. Ca n'est que pure affabulation. En fait, c'est pire: Il y fait le temps des 4 saisons au même moment ! Mais principalement l'automne. Bref, journée humide. Très humide. C'est pas qu'il pleuve, c'est que les nuages sont très bas et composés d'énormes gouttelettes.


Printemps, automne, hiver, suivi de printemps, automne, hiver, ...

Pourtant, ça n'avait pas trop mal commencé... D'abord, je ne devais pas faire 120 bornes... Malgré la pluie et le brouillard, je pars sous les hospices d'un magnifique arc-en-ciel.


Un leprechaun multi-milliardaire se planque dans les environs

Le temps est en demi-teinte, mais le vent me pousse dans la bonne direction.


Le temps ne fait pas les choses à moitié ici !

Je choisis de ne pas pendre le ring of Kerry mais de couper par la route intérieure plus difficile, plus belle et plus sauvage. Et je ne le regrette pas. Les paysages sont époustouflants et je croise pleins de cyclistes plus sympas les uns que les autres.


ballaghbeama gap

Mais à un moment, un choix s'impose à moi: continuer tout droit par le Ballaghisheen pass ou prendre à gauche pour passer par le ballaghbeama gap... Je décide de faire les deux, aller vers le gap puis faire demi tour et prendre le pass. Mais après le gap, je ne me sens pas remonter la haut et là je prends une très mauvaise décision: Je me dis que j'ai le temps, je peux rallonger un peu et continuer par ce fameux ring dont tout le monde parle...


Pff, oh non, je ne vais pas remonter ça !

Et j'avais raison de l'éviter, c'est moche et il y a plein de circulation et je me tape la pluie et le vent de face. Ca s'améliore un peu après Ballincove, mais il fait trop moche et je suis trop fatigué pour vraiment apprécié.


Ouais, franchement, trop moche le ring of Kerry !

Car le petit détour est en fait un énorme rallongis ! Et au lieu d'arriver à Portmagee, je m'arrête avant, à Ballinskelligs.


Et un petit détour de 10 bornes de plus pour aller voir un fort...

Fatigué et trempé, je décide de passer la nuit dans un hostel où je prends même un bain ! Le luxe. Ensuite, je rencontre des joueurs de bodhran (prononcer "baareun) qui m'emmène dans un pub pour une soirée traditionnelle pas si traditionnelle que ça. C'est donc sur le soir que la journée s'éclaircie même si elle reste quand même bien arrosée.


Et encore un petit détour par la plage parce que je croyais que c'était un raccourci...

Aujourd'hui, je devais aller sur Skelligmichael mais tout est complet. Je vais voir sur Portmagee si c'est encore possible pour demain, sinon je retourne faire le Ballaghisheen pass.

mardi 2 août 2011

Etape 4 : Killarney - Carrantuohill / 25 km... (246 km)



... Sauf que j'en ai fait 61! Non, non, je ne me suis pas perdu. J'ai juste fait le tour de leane lough,



en passant par Muckross lake



et Upper lake



jusqu'au Gap of Dunloe




pour finir au pied de Carrantuohill, le mont le plus haut d'Irlande culminant à 1040 mètres.



Mais je ne pense pas que je vais le gravir finalement. Je ne suis pas vraiment équipé pour me coltiner le Devil's ladder et apparemment, les conditions ne vont pas être idéales demain. Je préfére tracer jusque Portmagee.



Sinon, aujourd'hui j'en ai pris plein les mirettes. Il y a moins de voitures et de touristes que je me l'imaginais même s'il y en a encore trop à mon goût. Les paysages me rappellent plus l'Ecosse que l'Irlande que je connais déjà. La montagne est dure, mais la montagne est belle. Je sais vraiment pourquoi je suis là. Les routes sinueuses sont un régal dans les descentes et un plaisir dans les montées qui me permettent d'admirer vraiment le paysage :D



Dunloe Gap me coupe le souffle. J'ai le droit à de vrais grands moments de solitudes où la route et le paysage n'appartiennent qu'à moi. Mais slalomer entre les touristes à pieds et les moutons à sabots dans la descente est également amusant.




Les gens que je croise ont toujours en général un petit signe ou un petit mot de sympathie ou d'encouragement. Et rares sont les Raymonds qui ne disent pas bonjour. Ca dépayse !

D'ailleurs, ce soir je dors avec les moutons (et rien d'autre!) et j'ai dû faire 10 km pour boire une pinte. Légère impression d'être au bout du monde.