Le vélo qui fait voyager

vendredi 27 février 2015

Lille -> Laon : Sous le signe de l'eau !

Dès le départ, cette expédition a failli tomber à l'eau! Des petites racailles ont fracassé la voiture de Grenouille qui a dû passer son temps au commissariat au lieu de préparer le pique-nique tandis que dehors, il pleuvait à n'en plus finir.

Mais à 16h, le ciel sèche ses larmes. Crapaud et Grenouille en profitent pour se jeter à l'eau, la besace vide de victuailles. La première étape n'est pas bien longue de toute façon, à peine 35 km. Le soleil commence à se coucher et ils se prennent pour Jonathan et Wilhelmina Harker: C'est la course pour arriver avant la nuit tandis que le ciel rougeoie à l'horizon! L'étape est vite passée.

Le long de la Scarpe
Par contre, le lendemain c'est une autre histoire. La pluie et le vent ne leur laissent aucun répit pendant les 120 kilomètres de trajet qui s'écoulent goutte après goutte. Même en descente ça n'avance pas! Soit à cause du vent et de la pluie qui fouettent leurs yeux, des virages dangereux ou, lorsque la route est dégagée et qu'ils pourraient prendre de la vitesse, à cause de perfides carrefours qui coupent leur élan.

Rien (Rrrrien!) ne leur est épargné. Grenouille et Crapaud sont trempés jusqu'aux eaux. A croire qu'ils se complaisent dans l'humidité. Pas vraiment en fait...

Et puis, il y a la question de la nourriture. Il est presque midi et pas un seul commerce, pas un seul kebab, pas une seule pizzeria, pas le moindre PMU ou la moindre boulangerie croise leur route dans ce désert vert et brun qu'est la campagne française. Champ après champ, les tenailles de la faim leur serrent de plus en plus l'estomac. Ils se mettent à délirer avec les noms des villages traversés. Quelques échantillons: "On part, Serain" ! Ou encore:

Crapaud - Hem-Lenglet !
Sans trop y croire, ils décident de faire un détour par Carnières (prononcez "kernièère") pour voir s'il n'y aurait pas quelques magasins d'ouverts ou au pire acheter quelques victuailles chez un particulier. Gros coup de bol, ils trouvent en ce village une véritable oasis: boulangerie, épicerie digne d'un film des années 50 et un café qui se vante de vendre des pizzas.

Mais non, les pizzas, c'est que le soir. Et ils ne peuvent pas non plus manger leur quignon de pain et leurs chips qu'ils viennent d'acheter à côté au chaud car le midi on ferme tôt. On a certainement hâte de manger ce que bobonne a préparé en buvant son pinard devant les conneries de la TV plutôt que de gagner une misère en vendant 2 malheureuses bières et 2 cafés. On les renvoie donc dans le froid en leur indiquant vaguement la direction d'une friterie. Fermée elle-aussi, évidemment.

Là, Crapaud commence franchement à se décourager et se dit qu'ils n'arriveront jamais à destination. Mais aqua ça rime de se plaindre, il faut avancer. Et tour de pédale après tour de pédale, côte après côte, ils se rapprochent doucement de leur destination.

En chemin, ils apprécient quand même le passage dans les marais de Féchain où la Sensée se perd en marécages et en étangs dans les anciennes tourbières, la source de la Somme, l'ancienne abbaye de Ribemont cernée par les eaux en crues de l'Oise et de la Serre et les villages blottis au creux de vallées embrumées. 

Fonce, homme, aux sources de la Somme !
Tellement embrumées qu'ils ne verront même pas Laon dont les hauteurs auraient pu leur redonner de l'espoir s'ils les avaient aperçues au loin. Ayant pris froid après une pause pique-nique, Crapaud finit les 34 derniers kilomètres avec des crampes qui lui tordent le ventre tandis que ses épaules lui font souffrir le martyr. Heureusement Grenouille l'encourage et il tient bon sans vomir ses tripes. Ils arrivent enfin au bout de leur périple alors qu'ils n'y croyaient plus, complètement rincés.

Et vous croyez qu'ils sont dégoûtés des voyages à vélo? Même pas. Et maintenant, pour finir en beauté: au bain !


dimanche 1 février 2015

Ghent Lichtfestival



Tous les trois ans, ma ville préférée de Belgique organise une nuit des lumières comme à Lyon: Le Ghent Lichtfestival. On a donc décidé d'y aller à tandem même si un 31 janvier c'est pas gagné niveau conditions météorologiques.

D'ailleurs les prévisions ne sont pas bonnes: neige et pluie toute la journée. Et même brouillard le matin à cause d'une nuit bien arrosée.

80 km de route nous attendent et je préfère voir large pour parer ce que les dieux de la météo nous ont réservés... On doit partir à 9h30 dernier délai! C'est donc à 10h30 qu'on se met en route.

Cependant, point de neige à l'horizon! Un grand beau soleil d'hiver nous offre déjà un festival de lumière et au bout de quelques kilomètres on doit enlever nos peaux d'Esquimaux. On regrette même de ne pas avoir pris de lunettes de soleil.

On s'extirpe plus ou moins facilement de Lille pour rejoindre le canal de Roubaix puis suivre l'Escaut et arriver à Oudenaarde vers 13h. 2h30 pour faire un peu plus de la moitié du parcours?! On a plutôt bien roulé. Vivent le vent dans le dos, les canaux sans feux et le tandem!

Oudenaarde
Après avoir englouti quelques frites, une fois, on repart. À ce rythme, on devrait arriver à Gand vers 16h30... si tout va bien.

Mais évidemment, ça ne pouvait pas être aussi simple. A peine sortis d'Oudenaarde, la grêle s'abat sur nous telle la 7e plaie d’Égypte. De la petite grêle qui rebondit sur nos vêtements et qui nous mouille à peine. Poussés par le vent, on dépasse vite le nuage.

Ensuite, aux environs de Vurste, une branche se prend dans les rayons et nous force à s'arrêter. Ce n'est pas une branche. C'est un tendeur qui s'est détaché et qui est allé se balader dans les rayons jusqu'à se coincer derrière la cassette. Et pas qu'un peu! Après un quart d'heure de travail assidu et avoir beaucoup râlé, j'arrive enfin à enlever le crochet mais pas l'élastique. On a eu beaucoup de chance de ne pas avoir cassé la roue ni le dérailleur. 

On en profite pour regarder passer les péniches
On peut repartir... Mais plus s'arrêter ! Le morceau de tendeur resté derrière la cassette bloque la roue libre. On arrive donc à destination avec 1/2h d'avance malgré notre avarie! On a avalé 80 bornes, 1 grosse frite et 2 bières en 5h30, pauses comprises! 

Nous sommes accueillis chaleureusement par une amie française réfugiée à Gand depuis quelques années et son mari gantois qui nous ont gentiment prêté un lit pour la nuit car tous les hébergements de la ville ont été pris d'assaut par le 1/2 million* de personnes attirées par le Lichtfestival tels des papillons de nuit auprès d'un lampadaire. (* 640 000 personnes pour être exact)

Architecture néo-flamande
 Faut dire que le spectacle vaut le détour avec une trentaine de projections sur les façades mais aussi des installations lumineuses le long d'un parcours de 5km. On renouvelle notre vision de Gand en contemplant son architecture d'une autre manière. L'organisation est impeccable. La foule est calme, patiente et bien intentionnée malgré (de canard) le froid (de canard aussi) et les inévitables bouchons (de piétons).

Un aperçu du Lichtfestival
La fatigue se faisant ressentir, on se réfugie d'abord chez Colette qui nous réchauffe avec de savoureux chocolats chauds puis nous rentrons nous blottir sous la couette.

Nous ne sommes pas seuls à être épuisés...

Attention, extinction des lumières ! Slaap goed!