Le vélo qui fait voyager

samedi 23 janvier 2016

[Zythocyclade 06/12 - Brasserie Cambier] The Cycling

La brasserie était fermée le jour de l'an, il aura donc fallu attendre patiemment jusqu'au lendemain pour se rendre à la brasserie Cambier. Celle-ci se cache à Croix à une petite quinzaine de kilomètres de Lille. Eh oui, l'année commence doucement même si l'itinéraire s'allonge un peu pour serpenter dans les parcs de la métropole.


Les brumes post-réveillon ne se sont pas encore tout à fait dissipées quand une dizaine de zythocyclistes partent en croisade. Les chemins sont plutôt boueux et leurs vélos sont plus sales qu'après un cyclocross dans le Connemara mais ils sont tranquilles et le soleil est de la partie. Ce n'est donc pas la croix et la bannière.

Après une premier trajet de 17km, ils font une pause à la villa Cavrois. L'accueil les refroidit aussitôt. Il n'y a pas de parking à vélo à l'extérieur. Un costume guindé leur dit que c'est la faute de la ville, évidemment, qui n'a pas pris le temps d'en installer sur le trottoir mais qu'il n'est pas question de laisser les vélos à l'intérieur du domaine. D'énormes containers moches y ont été installés, mais il n'y a pas d'emplacement prévu pour accrocher quelques biclous, ça donne tout de suite le ton.



Bon, passons. Les zythocroisés fixent tant bien que mal leurs dix montures aux 2 panneaux de signalisation qui se sont perdus dans la rue et découvrent ensuite à la billetterie que le musée ne dispose pas non plus de place pour installer des consignes. C'est embêtant de se trimballer des sacoches mais ce n'aurait pas été un problème en soit si, arrivés à la porte d'entrée de la villa après avoir acheté leurs billets, un autre cerbère encore moins bien luné que le premier ne leur dise d'un ton encore plus désagréable "qu'il ne veut pas le savoir mais que les sacoches en tout cas, elles, ne rentrent pas".

Villa Cavrois
Les voilà donc contraint de les laisser sur le pas de la porte à la merci du premier opportuniste venu. A leur grand étonnement, personne ne leur demande d'enlever leurs chaussures crottées ou de mettre des patins pourtant leurs pieds et bas de pantalon sont maculés de boue.



Dans la lignée de Frank Lloyd Wright et dans le même mouvement moderne, fonctionnel et dépouillé que Le Corbusier, l'architecture et le design de Mallet-Stevens sont aussi froids que leurs gardiens mais l'endroit est impressionnant. Comme il a tout conçu, c'est très cohérent. Certaines pièces sont plutôt cozy mais d'autres donnent carrément les chocottes.



Ceci pourrait expliquer l'attitude désobligeante des gardiens. On aurait pu croire qu'ils avaient du mal à se remettre de leur soirée du nouvel an ou que travailler alors que la plupart des gens faisaient le pont les rendait grognon. Cependant, après avoir échangé avec d'anciens visiteurs, leur aigreur s'avère récurrente. Mallet-Stevens ayant réalisé des décors de cinéma reflétant la psychologie des personnages, pourrait-on imaginer qu'à l'inverse la maison influence l'humeur de son personnel?

Çà ou alors la villa a été construite sur un vieux cimetière indien...


Effectivement, le passé de la maison n'est pas des plus radieux. Pour une sombre histoire d'héritage et de promoteur immobilier peu scrupuleux, elle fut laissée à l'abandon pendant des années et pillée par des squatteurs ou des férus d'architecture, se dégradant de plus en plus au fur et à mesure que les années passaient. L'association qui l'a sauvée et qui la restaure rachète petit à petit le mobilier disparu. Quand on sait qu'un simple fauteuil d'origine atteint les 20 000 euros, on se dit que 7€50 l'entrée n'est pas si déraisonnable et on comprend pourquoi la guichetière était la seule personne souriante et aimable parmi le personnel.



A l'opposé de cette expérience, la visite de la brasserie Cambier fut des plus chaleureuses et décontractées. Une authentique brasserie familiale des plus sympathiques. Nous fûmes accueillis par un jeune brasseur passionné qui, lassé de faire de la bière pasteurisée chez Heineken, a décidé de se lancer dans l'élaboration de son propre breuvage. Avec 400 000 euros d'investissement initial, c'était un pari plutôt risqué mais ça marche bien pour lui puisqu'un an à peine après son lancement la brasserie s'agrandit déjà.



La visite est un peu chère (7€) mais elle n'est pas formatée. On a affaire à un brasseur heureux de partager son savoir-faire et qui donne des explications à la fois abordables et très pointues. Ensuite, il nous propose de déguster 3 types de bières en grignotant quelques grains de malt. Celles-ci sont plutôt classiques mais fort plaisantes notamment l'IPA qui présente un bon équilibre entre le nez très houblonné et l'amertume pas excessive.



Le retour se fit sous la pluie et donc dans la précipitation le long du canal de Roubaix puis de la Deûle. Mais le doux cliquetis des précieuses reliques que nos croisés de la bière avaient emmené avec eux leur promettait déjà un réconfort bien mérité.

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