Le vélo qui fait voyager

mardi 26 mai 2015

Nous partîmes à six, nous arrivâmes à Wissant


Nous partîmes en tandems ; deux vélos en renfort,
En route pour la gare, nous pédalions très fort,
Tant, à nous voir rouler en un tel équipage,
Que les passants souriaient dans notre sillage !
Nous chargeons nos montures, sur le quai arrivés,
Dans le compartiment qui lors fut trouvé ;
Les cyclistes, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlant d'impatience, s'embarquent tous sans heurt.
Nous partions pour Audruicq, arrivant vers midi,
Passer une bonne part d'une si belle après-midi
A rouler sur le plat en suivant les canaux,
A monter des collines et descendre des côteaux,
A filer doux sur des bandes de bitume bien lisse
ou dévaler des sentes que les graviers esquissent
D'Audruicq à Wissant, de Wissant au Cap Blanc-Nez,
Puis revenir le lendemain en passant par Calais.
Et pourquoi pas, rencontrer le long du chemin
D'autres cyclos comme ce couple de canadiens?

Jean-Pierre et Louise
Mais à peine dans le train, que Chimène disparaît!
On la croit partie un peu plus loin pour siester ;
Il faut se presser, car on est bientôt rendu,
Mais où est Chimène qui n'est toujours pas revenue?
Quand soudain un rouquin fait un drôle de manège,
Court partout, regarde presque jusque sous les sièges.
Descend même sur le quai et au bout d'un quart d'heure
S'en revient tout hilare suivi du contrôleur.
Puis arrive Chimène, en colère, la mine défaite
qui dit "Salauds, j'étais coincée dans les toilettes!
J'ai appelé à l'aide mais personne n'est venu,
A part ce roux Rodrigue qui m'a secourue."


Cid-érant, n'est-ce pas?


La suite se déroula sans incident majeur,
sous le soleil, et toujours dans la bonne humeur.
Mais arrêtons là les rimes et alexandrins,
Aux photos, de se faire poètes, je laisse le soin!


Mais où donc est passée Chimène? Ah oui! elle a cassé sa chaîne...

dimanche 10 mai 2015

Car-T-ass-TROPHY !

Dans un précédent récit, nous avons déclaré que 95% des automobilistes anglais faisaient des crasses aux cyclistes malgré leur réputation d'automobilistes courtois. Ce chiffre est bien sûr totalement subjectif. Certains automobilistes sont très corrects, mais certaines pratiques dangereuses semblent assez répandues.

Voici les principales dont nous avons fait les frais plus qu'à notre compte:

- frôlement à toute vitesse lors du dépassement sur  route étroite et encombrée
- frôlement à toute vitesse lors du dépassement sur  route large et dégagée, voire des 2 voies.
- rabattement très proche devant le cycliste après avoir doublé même si la route est dégagée.
- dépassement sans visibilité avant un virage avec rabattement proche devant le cycliste.
- dépassement sur ligne continue alors que des véhicules arrivent en face.
- dépassement même si obstacle proche (feu rouge, camion, voiture arrivant en face, îlot)
- dépassement même si le cycliste a signalé qu'il tournait à gauche et a commencé sa manœuvre.
- Arrivant en face sur une route étroite, le véhicule motorisé (voiture, tracteur) ne ralentit pas et ne se range pas sur le côté pour laisser de la place au cycliste.
- bus qui double juste avant son arrêt (15-20m à peine)
- et donc queues de poissons

cycling through busy traffic
source: http://www.thefootdown.com

 Bref, la plupart des conducteurs anglais ne semblent pas conscient du danger qu'ils représentent pour le cycliste et des imprévus susceptibles d'apparaître brusquement sur leur route et qui pourraient obliger celui-ci à faire un écart (tessons de bouteille, nid de poule, enfant ou piéton surgissant brusquement, vent, etc.)

Ils ne semblent pas non plus connaître le principe de la conduite économique: Ils accélèrent comme des malades et pilent juste avant le feu en roulant très souvent dans de grosses cylindrées et de gros 4x4.

Ceci induit une vigilance accrue de la part du cycliste qui ne se sent jamais en sécurité et qui doit toujours être prêt à piler ou à se serrer sur les talus au risque d'endommager son matériel.

Bien entendu, on retrouve ce genre de comportement dans tous les pays mais il semble vraiment généralisé en Angleterre.

Paradoxalement, les automobilistes vous laisseront souvent la priorité aux intersections et aux passages piétons. Ils se poussent pour laisser les autres véhicules doubler. Ils klaxonnent ou vous invectivent de manière désagréable très rarement.

Alors pourquoi un tel comportement?!! Voici plusieurs pistes pour tenter d'apporter un semblant de réponse.

Piste 1 - le highway code

 

- Certains passages du code de la route anglais (le highway code) sont assez flou et laissent une grande part à la libre interprétation du texte voire même encouragent ce comportement quant au dépassement des cyclistes. Que nous apprend-t-il exactement?

162

Avant de dépasser,  vous devriez vous assurez que

  • la route est suffisamment dégagée devant
  • se trouve un espace suffisant se trouve devant l'usager de la route que vous envisagez de doubler.
"Devriez" !!! Ça veut dire qu'on est pas obligé alors !? Bon, ben on va pas se gêner !
Et que veut dire "suffisamment" et "suffisant" comme distance exactement ?! C'est pas concret.

163

Ne doublez que si le dépassement peut se faire en sécurité et légalement.
Que veut dire "en sécurité" exactement et "légalement", sachant que la loi n'est pas claire?
Vous devriez

  • dépasser rapidement le véhicule que vous doublez. Laissez plein d'espace. Rabattez vous sur la file de gauche aussi tôt que possible sans couper la route.
Ah, d'accord, certains interprètent donc ces passages par "aussi vite que possible" ! Voilà pourquoi ils doublent à toute blinde en faisant des queues de poisson.

Mais il s'agit là d'un texte général s'appliquant à tous les usagers de la route. N'y a-t-il pas une règle plus spécifique pour les cyclistes? Ah, si!

Laissez aux motos, aux cyclistes et aux cavaliers au moins autant d'espace que lorsque vous doublez une voiture (voir Règle 211 à 215).
Ok... Vous comprenez quoi, vous? Que l'automobiliste qui dépasse doit se déporter totalement sur la voie de droite quand il double un cycle comme il le fait quand il dépasse une voiture? Ou qu'il doit laisser entre 20cm et 50cm entre le cycliste et son véhicule comme l'espace qu'il y a entre deux voitures qui se doublent? 

Avec un peu de mauvaise foi et/ou d'ignorance, c'est certainement cette dernière interprétation que les automobilistes choisissent.

Mais que disent les règles 211 à 215? Des choses très sensées: de donner plein de place aux cyclistes qui pourraient faire un écart, de faire attention à leurs changements de directions, etc.

Et les autres articles sur le dépassement en général? Des choses très sensées aussi: ne pas dépasser sans visibilité, ne pas dépasser sur ligne continue, etc.

Alors pourquoi les automobilistes font-ils pratiquement tous le contraire? Pourquoi font-ils le choix d'interpréter la dernière règle de l'article 163 par la plus dangereuse des manières possibles? Voici venir la

Piste 2 - la géographie

Le Royaume-Unis est un pays très étroit (sa surface fait la moitié de celle de la France) et très peuplé (autant que la France). La majeure partie de cette population (84%) se concentre en Angleterre. Ce qui donne un combo redoutable: 

Routes étroites et circulation très dense partout, pratiquement tout le temps.

source: http://www.undertheraedar.com
Il est donc très difficile de doubler et la moindre occasion pour le faire est bonne à prendre même pour le plus prudent et vertueux des conducteurs et les automobilistes prennent des risques inconsidérés pour eux-mêmes et pour les autres usagers de la route. 


Mais ça n'est pas tout !

Piste 3 - la politique de sécurité routière

La 3e raison est à mon avis une politique de sécurité routière déplorable et désastreuse certainement liée au fait que le Royaume-Unis soit un pays ultra-capitaliste pétrolifère et constructeur automobile qui ne veut surtout pas gêner les libertés de ce ceux qui ont du fric. Mais je m'égare, recentrons le sujet.

Cette politique, qui veut (sur)protéger les usagers faibles (piétons surtout) sans gêner la toute-puissante automobile, induit paradoxalement le comportement dangereux des automobilistes que l'on a vu plus haut.

Surprotections des piétons
Les piétons se voient parqués derrières des grilles aux intersections pour être sûr qu'ils empruntent les passages cloutés. On met des bordures le long des routes. Et des îlots au milieu. 

Problème: les automobilistes ont très peu d'espace pour doubler que ce soit devant eux ou latéralement. Résultats: ils accélèrent, ils frôlent. Ce qui devient une habitude.

Politique cyclable désastreuse
A part dans quelques villes comme Londres (et encore!) et Oxford où il y a un semblant de vraie politique cyclable, les cyclistes sont considérés comme des piétons qui doivent emprunter les mêmes espaces qu'eux: trottoirs, passages piétons barricadés et tortueux.

En tant que cycliste, j'adore les labyrinthes, youpi!
source: http://architectures.danlockton.co.uk/

Peu d'encouragement à la pratique du vélo: très peu de pistes cyclables existent et les véloroutes sont mal foutues, peu pratiques, peu agréables. Exception: le "bike to work scheme" qui permet d'obtenir une somme coquette pour l'achat d'un vélo afin de vélotaffer.

Les bandes cyclables, quand il y'en a, ne sont pas souvent bien délimitées: un pictogramme de vélo seulement mais ne donne aucune idée de l'espace alloué au cyclistes. Si une vraie bande existe, elle est souvent trop étroite et met le cycliste en danger.

Au lieu d'investir dans des équipements bien pensés pour favoriser la mobilité douce, ils se reposent sur la bienveillance des automobilistes (slogan: Think bike) sachant que ceux-ci ne sont jamais des connards, fatigués, énervés ou bourrés (ironie).


Le vélo a donc la réputation d'être une activité dangereuse. Alors qu'il faudrait d'abord remettre en cause les infrastructures, la plupart des cyclistes mettent un casque et des vêtements réfléchissants à tout moment de la journée. Les cyclistes chics qui n'ont pas envie de se transformer en lampadaire de noël humain ont certainement renoncé. 

S'habiller ainsi n'est pourtant pas requis par la loi mais encouragé. C'est aussi encouragé par cette croyance populaire que la sécurité du cycliste dépend de lui uniquement et que c'est surtout à lui de faire des efforts. En gros si on t'a coupé la route, c'est bien fait pour toi parce que tu n'avais qu'à avoir un casque et si tu t'es fait écrasé en plein jour, c'est de ta faute parce que tu n'avais pas installé de boule à facette et des stroboscopes sur ton porte-bagage.

Ah bah oui, là c'est sûr, on fait plus attention à nous tout à coup.
source: http://poleriders.blogspot.fr

La palme de la cerise sur le pompon revient à cet anglais arrivant derrière nous et qui nous klaxonne tout en faisant de grands gestes à une intersection. On se retourne, il insiste. Que se passe-t-il? A-t-on perdu ou cassé quelque chose en route?

On s'arrête, on inspecte le vélo: rien. Et là il baisse sa vitre et dit:
"You should wear a reflective jacket! You're wearing black."

J'ai une veste fluo, mais comme il est 10h du matin et qu'il fait plein jour, en tant que personne sensée, je l'ai sagement rangée dans la sacoche. Apparemment, il a réussi à nous voir puisqu'il ne nous a pas écrasé. Estomaqué par cette remarque, qui en plus d'être inutile et déplacée nous fait perdre du temps et nous mets en danger (arrêt d'urgence au niveau d'une intersection), je rétorque le plus diplomatiquement possible dans mon état de bouillonnement intérieur:

"Fuck off! Mind your own business." 

Il insiste. Je lui réponds:

"And you, don't drive a car! It pollutes, gives asthma and kills people!"

Devant mon obstinée et obscurantiste attitude suicidaire, il s'en va dépité. Il est content de lui-même, il a fait tout ce qu'il a pu en essayant de me sauver malgré moi. Mais, si tu veux vraiment me sauver, abruti!, abandonne ta voiture plutôt que de donner des leçons, ton geste sera bien plus efficace.

Certains se demandent parfois pourquoi les cyclistes deviennent militants. C'est qu'en plus de devoir faire face à des comportements dangereux ils doivent aussi entendre ce genre de discours moralisateur de personnes qui n'ont jamais posé le cul sur un vélo et qui croient intervenir pour leur bien sans rien y connaître à rien!

En conclusion, l'Angleterre n'est pas pour le cyclotouriste débutant s'il veut faire un trajet au long cours. Et c'est une chance que les automobilistes anglais soient plutôt courtois à la base, sinon, qu'est-ce que ça donnerait !?

Il faudra bien faire attention à la préparation de l'itinéraire en gardant à l'esprit qu'une petite route sur la carte peut être surchargée d'automobiles sur le terrain et qu'une véloroute peut très bien longer une 2x3 voies ou vous faire traverser des pâtures avec des accès peu praticables. 

Piste cyclable à droite de l'image sur 15km, ça donne envie de faire du vélo, tiens!
source: googlemaps
Mais pour commencer le cyclotourisme sur les Iles Britanniques, mieux vaut aller en Ecosse ou en Irlande, on y trouvera des petites routes désertes avec des automobilistes courtois.

Pour les aguerris, ce n'est pas une raison d'éviter l'Angleterre. On trouve quand même des endroits agréables, des gens sympas, de la bouffe fantastique (eh oui!) et la culture britannique est fascinante.

De retour en France, j'apprécie maintenant mieux le comportement des automobilistes qui, pour la plupart me permettent de rouler dans un relatif sentiment de sécurité et j'admire les vélotaffeurs anglais en leur souhaitant bon courage ! 

samedi 9 mai 2015

You Kent hold us back !


Oyez, Oyez braves gens ! Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton ont un cruel dilemme à résoudre .

Le vent s'est assagi, le soleil brille. Ils se demandent s'ils auraient le temps de profiter de la visite du château ce matin... Celle-ci est comprise dans le prix du camping et il paraît qu'elle est exceptionnelle. Mais le château n'ouvre qu'à 10h30 et ils doivent se trouver à 15h30 à Folkestone pour prendre le shuttle.

Étant donné leurs mésaventures d'hier, ils préfèrent ne pas prendre de risques. Ils quittent le camps dès 10h00. Cela leur laissera une bonne marge en cas d'avarie. Ils reviendront assiéger ce château une autre fois, se promettent-ils !

Champs de colza

Le vent est favorable. La route, déroulant son plus beau velours, se fait toute douce. La végétation leur fait des haies d'honneur. Les champs ont recouvert leurs ors les plus purs, les forêts ont déroulé le tapis pourpre. Et surtout, les voitures ont pris la poudre d'escampette. Comme ils avancent bien, ils peuvent vraiment profiter de la belle campagne du Kent et admirer les oast houses tout à leur aise.

Jacinthes
oast house

Ils s'arrêtent au Walnut Tree pub à Aldington, l'ancien repère d'un gang de contrebandier pour boire une dernière pinte. Ils rejoignent bientôt la mer qu'ils longent un moment. Mais les nuages au loin ne leur permettent pas d'apercevoir les côtes françaises. Puis ils se coltinent une ultime montée pour rejoindre le point de rendez-vous. Quelle belle journée! Il ne leur reste plus qu'à se prélasser au soleil pendant une heure et demie en attendant leur passeur.

plage de Hythe
En effet, on ne peut pas prendre le shuttle avec son vélo comme ça. Il faut faire appel au shuttle cycle service. C'est une sorte de passeur légal qui, pour £18 par personne, vous permet d'embarquer sur la navette. Il charge votre vélo dans sa remorque et vous emmène dans son van pour faire la traversée avec vous. 

Eurotunnel aimerait bien ne pas avoir à se préoccuper des cyclistes mais c'est une obligation légale alors ils sous-traitent à une entreprise locale. Ils ne font que deux passages par jour. Mais comme peu de monde emprunte ce système, les horaires doivent être assez flexibles. 


D'ailleurs, notre passeur arrive lui aussi à l'avance. Nous sommes ses seuls clients et il n'a personne à ramener de France. Ça l'arrange donc de passer le plus tôt possible. Ça tombe bien, nous aussi !


Il nous amène jusqu'au terminal où l'on prend une navette dans la foulée. A 17h30, nous sommes en gare de Calais, à 20h nous sommes de retour au bercail ! 

Sir Bike-a-lot aurait préféré prendre la navette sur son propre destrier comme on peut le faire avec le ferry, mais c'est une bonne alternative à l'eurostar. Même si le voyage en lui-même prend un peu plus de temps, cela revient moins cher. Et surtout, surtout!, nul besoin de démonter, d'emballer et déballer son vélo (cela lui avait pris une journée et demie au total) ni d'avoir toutes les peines du monde à trimballer tout son bazar entre deux gares.

En attendant, adieu, Perfide Albion, on se retrouvera !

vendredi 8 mai 2015

Highway to Hell

Oyez, Oyez braves gens ! Nos deux cyclistes sont arrêtés sur le bord de la route, sous une pluie si épaisse qu'on dirait de la neige fondue et ne peuvent plus avancer: ils ont cassé leur chaîne.
 
L'espoir de pouvoir visiter le château de Leeds où Sir Bike-a-lot & Lady Tandemton ont réservé une nuit dans une tente de chevalier en prend un coup.


Pourtant tout avait bien commencé. Ils sont partis de bonne heure, (10h, oui, c'est tôt pour eux!) et ont mis le cap sur Greenwich d'où ils ont pu admirer l'horizon londonien une dernière fois.


Cependant, le temps qui avait commencé à se dégrader à leur arrivée dans la capitale s'est transformé en tempête. Il fait froid, il pleut par intermittence et le vent souffle fort du sud-est, c'est à dire en plein dans leur poire !

Mais tout n'est pas perdu. Sir Bike-a-lot a embarqué quelques maillons issus d'une autre côte de maille pour ce cas de figure. Ils ne sont pas exactement de la même taille, mais après une vingtaine de minutes d'efforts, ils peuvent repartir.

Malheureusement, ils ne sont pas au bout de leurs peines. La route qui n'était pas des plus agréables s'est empirée depuis qu'ils ont rejoint la national cycle route 177. Mais qui donc a tracé les véloroutes en Angleterre? Ont-ils au moins fait du vélo un jour!?! Comprennent-ils l'intérêt de voyager à vélo?

Bref, en suivant cette véloroute, qui devrait être tracée aux petits oignons pour être agréable, plus pratique et plus sûre pour les cyclistes (dans la tête de gens doués de bon sens), ils se retrouvent coincés derrière une barrière de sécurité sur une bande d'un mètre vingt de large au bord de l'autoroute. A chaque sortie, ils doivent se taper des déviations qui passent sur les trottoirs et entre des grilles sous prétexte de les protéger alors qu'elles font simplement en sorte qu'aucun piéton ne puisse ralentir le flot des voitures toutes puissantes. Le vacarme est tel qu'ils ne peuvent même pas discuter. Pour le côté agréable, pratique et plus sûr, on repassera! Ou pas...

Oui, à droite, c'est là que passe la véloroute !
Bucolique, cette piste cyclable, n'est-ce pas?!

Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton ne tiennent pas plus de 2 kilomètres avant de quitter cette route de merde (Pardon my French). Ils préfèrent encore mieux rallonger le parcours et affronter les automobilistes anglais. La visite de Leeds Castle s'éloigne encore un peu plus mais au moins, ils pourront profiter du paysage, respirer un air plus sain et entendre les oiseaux pour se donner du courage dans les montées.

Cela dit, c'est pas encore gagné car beaucoup de fauves ont été lâchés sur les routes aujourd'hui. Même la plus petite des routes de campagne vomit son flux d'automobiles comme un gamin qui aurait la gastro au lendemain de Pâques. De plus, tout le monde semble s'être donné le mot pour leur faire des crasses. En fait non, c'est juste la façon de conduire de près de 95% des anglais.

Les heures passent... et ça monte toujours... et le vent souffle toujours... et il pleut... et ça n'avance pas!

Rochester
Ils font une pause à Rochester, la ville natale de Dickens. Le centre touristique est mignon. Autour, la tristesse économique est palpable. Puis ils rejoignent la Pilgrim's way. Le cadre devient enfin joli et sympathique mais nos deux valeureux cycloguerriers n'en profitent pas tellement. La route joue toujours les montagnes russes et ils sont cuits:

- Oh, regarde !
- Quoi?
- Ben là, il y a une oast house*, c'est joli!
- Une oast quoi? C'est pas le château?
- Ben, non c'est un bâtiment qui...
- Je m'en fous ! Si c'est pas le château de Leeds, ça m'intéresse pas!

Ils atteignent enfin leur destination. Leeds Castle a fermé ses portes depuis une demie-heure déjà. Mais Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton n'en ont cure ! Ils ont hâte de rejoindre leur tente pour se délasser.

Même le vélo n'en peut plus !
Après cette dure journée, ils apprécient d'autant plus le confort de l'endroit:
Douche luxueuse, cuisine équipée, tente feutrée avec poêle à bois, coiffeuse et sèche-cheveux pour Lady Tandemton, promenade au crépuscule autour du château désert de touristes et surtout un lit douillet avec bouillotte et profusion d'oreillers pour bien zzzzzz zzzz zzz zzzzzzzzzzz !



* Si vous n'êtes pas cuits à la lecture de cet article, une oast house est un bâtiment à toit conique  surmonté d'une cheminée à capot qui permet de faire sécher le houblon, étape indispensable au brassage de la bière.

London (and lidl surprises #2)

Oyez, Oyez braves gens. Sir Bike-a-lot et lady Tandemton partent à l'assaut de la plus grande ville d'Europe par les canaux. Avec la "congestion charge" ajoutée au fait qu'on soit un jour férié, l'entrée se fait bien plus paisiblement que dans d'autres villes moins grandes du royaume.

Paisible, qu'on vous dit !

Ils ont du temps et font le tour complet de Londres. Ils peuvent se rendre compte en passant dans la City que l'expression "bank holiday" n'est pas usurpée: tout le monde bosse sauf dans les banques !

Le cornichon (the gherkin)
La tour de l'horloge (Tower Clock)
Ils ont même assez de batterie pour rejoindre leur hôte Tom sans problème. En chemin ils achètent un chargeur qui fonctionne encore mieux que l'ancien. Tout va bien en fin de compte. Mais pour éviter ce genre de désagrément à l'avenir, ils se répartissent des rôles précis comme vérifier les lieux avant de partir. Sinon, chacun compte sur l'autre pour le faire et manifestement, ça ne marche pas! 

La City & Tower Bridge
Ils s'arrêtent aussi faire des courses à Lidl. Cette fois, c'est Carlos qu'ils rencontrent. Un portugais guitariste qui a fait 2 fois le tour des Cornouailles à vélo et qui leur conseille de se balader à Richmond park.
Borough Market
Le tesson (the shard)
Ca a l'air sympa en effet, mais ce sera pour une prochaine fois car ils ont déjà un sacré programme: pièce de théâtre au Globe, visite de la Tate Modern, promenade au Borough Market, déambulations à Camden Town et montée d'adrénaline en zigzagant entre les bus rouges et les taxis noirs avec les autres bike commuters fluos dans le rush hour !
 
Camden Town
The Globe Theatre

jeudi 7 mai 2015

Let the Queen's guard pass!

Oyez, oyez braves gens. Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton viennent d'atteindre leur camp de base près de Windsor après une journée tranquille.


Leur camping est génial et tenu par des gens fort sympathiques. Seul problème, il est situé tout près de l'autoroute dont le vacarme tue tout le charme de l'endroit.
Plutôt que de se prélasser devant la tente après leur étape de 55km, ils préfèrent alors laisser armes et bagages sur place  pour visiter le royal château qui se trouve à une demie-douzaine de kilomètres de là. Ils ne doivent pas traîner car il ferme ses portes dans... une demie-heure!!

Allégés, ils volent à 30km/h à travers la campagne qui serait des plus mignonnes sans ce fond sonore incessant et agaçant de voitures fonçant sur la M4.

Ils atteignent l'entrée 10 minutes avant la fermeture des portes. Mais il n'y a pas de parking à vélo. Il faut donc faire demi tour pour attacher le tandem et revenir ensuite au château.

A peine, le pas franchi, les portes se referment derrière eux. Ils ont maintenant une heure et quart pour visiter la demeure royale. C'est peu mais le ticket donne le droit d'accéder au château autant de fois qu'ils le veulent pendant un an. 

Windsor Town center

Ils reviennent donc le lendemain compléter leur visite (avec notamment la relève de la garde) plutôt que de faire grasse mat' au camping où les voitures déchirent toujours l'atmosphère de leurs hurlements.

VRRRROOOOOOOOOc'estbeau,non?OOOOOOOOOOMMMMMM

Seulement, dans leur hâte de quitter cet endroit bruyant, ils ont oublié leur thermos et leur chargeur pour le portable/gps. Ils s'en rendent compte une fois arrivés à Londres avec une batterie prête à lâcher et donc le risque de continuer l'aventure sans carte et sans itinéraire.

mercredi 6 mai 2015

Suisaddle tendencies

"Hear ye, hear ye, good folk. I hope you have good locks for your bike, cause we have the best bike thieves in the world!" est la première chose que dit Louie en accueillant Sir Bike-a-lot & Lady Tandemton à Oxford.

Amsterdam? Non, Oxford.
Ça devrait aller, ils ont  pris des précautions. Ils charrient avec eux 2 bordo, un mini U, des antivols de roue et aucune fixation rapide. Tout cela ajoute un poids conséquent, des clefs à ne pas perdre et des outils supplémentaires dont ils se passeraient bien mais c'est un mal nécessaire. 

Seulement voilà, on peut sécuriser tout ce qu'on veut, il y aura toujours un point faible. Cette fois, ce fut la selle de Lady Tandemton qui attisa la convoitise et qui s'envola rejoindre les hirondelles et les noix de coco.

Cet événement refroidit quelque peu leur enthousiasme pour cette belle ville universitaire qui cristallise la quintessence de la britishittude avec leurs traditions pluricentennaires désuètes mais tellement pleines de charme. 

Au moins, ils en ont bien profité avant de découvrir le larcin. Ils se sont promenés le long des canaux. Ils ont visité les universités aux jardins magnifiques dont les étudiants ne semblent faire que deux choses : faire du sport (aviron, cricket) et chanter (pour Evensong ou sur le chemin du pub). 

Le grand huit ? Non, un 8+ shell
On y fait d'ailleurs de drôles de rencontres comme  ces soixantenaires, anciens de New College, qui se revoyaient pour la 1ere fois depuis 40 ans. Ceux-ci leur expliquèrent les rivalités entre Christchurch, Magdalene et leur université qui, évidemment, est la meilleure! Ils leur expliquèrent aussi pourquoi Cuba devrait intégrer l'Union Européenne.


Il était donc temps d'y aller! Mais, le tandem n'a qu'une selle. Il va falloir régler ce problème mais demain c'est dimanche et après-demain, c'est le Mayday, un jour férié en Angleterre (le 1er lundi du moi de mai)...

Confortablement installée sur le sac de ravitaillement, Lady Tandemton n'est pas trop préoccupée par l'affaire. Elle se dit que, finalement, ce n'est pas si mal le régime sans selle. En effet, elle ne peut plus atteindre les pédales et se laisse transportée comme sur un rickshaw, ce qui lui convient tout à fait.

Fort heureusement pour Sir Bike-a-lot, l'Angleterre est un pays ultra libéral où toutes les boutiques sont ouvertes même un dimanche de weekend de 3 jours fériés. Une fois la selle de sa dame remplacée, lui se dit que, finalement, ça n'est pas si mal le capitalisme à outrance...

dimanche 3 mai 2015

The gate of death

Oyez, oyez braves gens! La nuit fut froide mais avec 3 paires de chaussettes, ça passe!

Aujourd'hui l'étape est courte. Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton décident donc  de la rallonger, à l'insu du plein gré de cette dernière, en passant par Woodstock (pas celui du festival américain quand même, mais celui où se trouve Bleinheim Palace). Ils la rallongent encore un peu plus en se perdant en chemin.


Ils suivent plus ou moins une "national cycle route" mais les anglais ont vraiment une drôle d'idée de ce qu'est une route cyclable: entre les parties où ils roulent directement à travers les pâtures, celles qu'il faut emprunter impérativement à pied, les chemins de terre défoncés et les portes infranchissables, c'est plutôt sport!

Celle-là, ça va encore. Il suffit juste de retirer toutes les sacoches du vélo et de le faire passer au dessus...
Par contre, ils peuvent aussi rouler dans des endroits improbables comme le cimetière de Brompton (normal avec un nom pareil diront certains) à Londres

Brompton Cemetery, West London
Mais nos deux héros n'en sont pas encore là. Pour l'instant, ils espèrent pouvoir prendre un raccourci lorsque une grille de la mort qui tue se met encore au travers de leur chemin. Les piétons peuvent la franchir sans souci mais un vélo n'a aucune chance de passer, encore moins un tandem.

Ils n'ont pas le temps de réfléchir aux alternatives qu'un 4x4 arrive à leur hauteur. Le propriétaire en descend et ouvre la grille principale grâce à un digicode. Sir Bike-a-lot saute sur l'occasion et demande au gardien du code s'il est possible de passer à vélo.

Le gardien réfléchit, puis leur pose 2 questions:
- What is your quest?
- We seek a passage to Woodstock.
- How will you get out once inside?
- We will... Er bah... Euh...

Et il remonte dans sa voiture sans rien dire. Sir Bike-a-lot et Lady Tandemton le regardent, perplexes. Ils se voient déjà précipités sur les chemins du détour éternel quand le gardien leur fait signe qu'ils peuvent avancer. Ouf!

C'est alors qu'ils se rendent compte qu'ils viennent d'entrer dans le parc du palais, rien de moins!

Blenheim Palace
Ils traversent l'un et admirent l'autre, puis sir Bike-a-lot et Lady Tandemton font cap sur Oxford où les attend Louie, leur hôte pour les 2 prochains jours.

Indien vaut mieux que deux tu l'auras !

Oyez, oyez, braves gens! Sir Bike-a-lot & Lady Tandemton auraient bien aimé rester plus longtemps mais il faut poursuivre la route. Il roulent le long des canaux où les écluses s'enchaînent (1 tous les 20m à peine!) jusque Stratford-Upon-Avon.
A peine 3 jours qu'ils pédalent et pourtant leurs corps sont déjà bien meurtris.

Pause au cimetière de Shipston. Ca tombe bien, on est crevés !

Le tandem demande quand même plus d'efforts. Pour maintenir la direction d'abord et le poids des deux cavaliers plus celui de leur monture et de leurs bagages qui se fait bien sentir dans les montées.

Et des montées bien coriaces, ce n'est pas ce qui manque en Angleterre !

Oui, bon ok, là c'est tout plat ! (ancienne voie de tram)

Bref, ils arrivent vidés au camping suivant. Un bon petit camping bien pensé et perdu au milieu de nulle part. Problème, les sacoches aussi sont vides. Trop pressés d'arriver, ils n'ont pas pris le temps de s'arrêter en chemin pour acheter quelques victuailles et il n'y a absolument rien dans les environs pour se ravitailler ! 

Enfin si... Mais cela veut dire 12 bornes de vélo supplémentaires et surtout une côte bien salace à remonter.

Que faire?

Sir Bike-a-lot se dit qu'ils peuvent faire la diète pour une fois. Elle serait d'ailleurs plutôt bien venue après tous ces festins dans les pubs dont le dernier remontait à 3h cette après-midi (oui ben ça arrive une crise d'hypoglycémie !).


Lady Tandemton fait la moue mais se résigne tandis que Sir Bike-a-lot va explorer les dépendances de la propriété.

Elle est en train de faire ses ablutions lorsqu'elle aperçoit Sir Bike-a-lot courir vers elle, affichant un large sourire victorieux comme s'il revenait de la chasse après avoir tué 10 sangliers! Il brandit un prospectus qu'il a trouvé dans la camper's kitchen et s'écrie : "Génial! On peut se faire livrer un indien pour pas cher!"

La diète n'aura pas duré bien longtemps! Mais la chasse fut bonne. Délicieuse même!


samedi 2 mai 2015

Paradise lost

Ah glah glah, ah glah glah, braves gens! Que la nuit fut froide et humide!
Mais avec des chaufferettes et une couverture de survie en plus du sac de couchage, ça s'est plutôt bien passé. Surtout à en juger par les ronflements de Lady Tandemton qui ne se sont pas arrêté avant 8h du matin.

Sir Bike-a-lot et sa dame se mettent en route de bonne heure et atteignent bientôt Birmingham où ils s'arrêtent pour faire bombance dans l'auberge du sieur Jamie Oliver. Ils se régalent tandis que leur tente sèche.


Puis ils repartent. Comme toujours, les routes sont bondées de voitures aux chevaux rugissants et rares sont les petits chemins tranquilles. Les autos roulent vite, frôlent et prennent des risques inconsidérés. Ce n'est pas l'enfer car les automobilistes sont plutôt courtois mais comme pays cyclable, on a connu mieux! D'ailleurs, même pour accéder aux canaux c'est la croix et la bannière. Et après, il faut faire bien attention de ne pas tomber dedans tellement les chemins de halage sont étroits.


Tout à coup, la campagne se fait plus accueillante et les voitures plus rares. Une rivière se met à danser derrière les arbres, les oiseaux gazouillent, le soleil brille, les agneaux gambadent joyeusement derrière leurs parents, les maisons deviennent toutes plus pittoresques les unes que les autres. Ils sont arrivés à Aston Cantlow, un vrai petit coin de paradis !


Lapins de quelques jours à peine, canards curieux, oies dandinantes, chien lécheur de mollet salé, chats espiègles, canards caquetants, le camping où ils ont demandé l'hospitalité pour cette nuit est une véritable arche de Noé, le déluge en moins.

Et, comble du bonheur, la dynamique hôtesse des lieux, dame Katharine, leur propose un bungalow pour un prix dérisoire. Ils auront bien chaud cette nuit!

Pour terminer cette journée bucolique à souhait, une petite balade jusqu'au pub du village s'impose.

Cheers!