Le vélo qui fait voyager

mardi 12 avril 2016

Symphonie pastorale

Opération cave à vin - épisode 3 

Ste Maur sur le Loir -> Saumur - 180 km


Cette fois-ci je ne me fais pas avoir. J'avance mon réveil d'une demie heure pour partir à 5h du matin avec pour but de prendre le vent de vitesse.

Et ma tactique s'avère payante car le vent n'est pas aussi matinal. J'engrange les kilomètres sous une couverture pleine d'étoiles. Il y en a tellement que je ne reconnais aucune constellation. En même temps, j'en connais pas des masses. 

Je survole la campagne. Le grand projecteur céleste s'élève peu à peu pour éclairer la scène de ses rayons. Crapauds, oiseaux, insectes, tout le monde fait ses vocalises, depuis l'alto du coq au bariton de la vache en passant par le ténor de l'âne. Seul le faisan et sa voix de crécelle pourrait se faire recaler à l'audition mais on aime bien son plumage d'opéra alors on le garde. Un bambi aux bois naissants joue les jeunes premiers en coulisse. Des biches traversent nonchalamment la route telles des divas... Calme et volupté!

Et toujours pas un pet de vent à part celui que je produis. Je ne parle pas de prouts bande de dégoûtants mais de la masse d'air que je déplace en roulant ! Ça s'appelle le vent relatif. Mais vous avez raison, je deviens trop lyrique.

Vendôme

Il est 8h05. J'ai parcouru 60km et j'arrive à Vendôme juste à temps pour le petit déj'. Je m'arrête à la boulangerie pour acheter des petits pains. Je connais bientôt tout de la vie de Denise, la pétillante boulangère qui rêve de faire le tour du monde avec son mari. Puis je me rends au café d'en face. Denise me rattrape avec une meringue à la main pour me l'offrir. C'est vraiment très gentil! On ne la fait pas au cafetier par contre. "Ah ouais, vous venez de Lille à vélo? Ça va, c'est pas si loin." Il lui en faut plus pour l'impressionner. Il a raison.

Je repars mais cette fois le vent a fini sa grasse matinée. La lutte acharnée à travers la Beauce reprend. Heureusement, le vent n'est pas aussi enragé qu'hier et je maintiens une moyenne correcte. Force et honneur !

- Vendôme, Vendôme... Faut quand même admettre c'est plutôt du vent d'homme!
- Bof, Jeannie Longo, une petite brise comme ça, elle en fait son p'tit déjeuner...
A midi, je me délecte du sandwich et de la meringue de Denise près d'une mare dans la campagne baignée par le soleil. Puis je cherche un village où prendre un café. J'en traverse un où se trouve une gendarmerie. Il doit forcément y avoir un bistrot alors, me dis-je ! je n'avais pas tord.

Puis bientôt il ne me reste plus que 30km. Je suis si près du but que je me sens pousser des ailes. Mes genoux, mon cou, mes épaules, tout mon corps essaie vainement de me faire comprendre qu'il a mal, qu'il est fourbu mais mon cerveau est tellement imprégné d'endorphine qu'il s'en bat le bulbe rachidien.

Je vole à 30km/h. Je prends la roue d'un tracteur et je culmine à 37. Je fonce, je ne lâche rien. Force et honneur: si je maintiens cette vitesse, en moins d'une heure, je serai à Saumur!


Quand le sportif déchaîné qui avait pris possession de mon corps se volatise tout à coup, happé par une bande de sable. Du sable ?!! C'est quoi ce bazar!??

J'ai beau utiliser un maximum d'outils cartographiques pour peaufiner mes itinéraires, vérifier chaque portion avec streetview, google earth et autres, le chemin réserve toujours des surprises. Cette fois, c'est une route forestière qui se prend pour une plage d'Ibiza. Impossible d'avancer, le sable se dérobe sous mes roues. 

C'est l'occasion de revenir à la réalité, de marcher un peu pour me délasser les jambonneaux et de profiter de la merveilleuse forêt de pin qui m'entoure et du parfum de vacances qui s'en dégage. Calme et volupté.
Le Saumur-Champigny aura un goût de banane cette année
Les 15 derniers kilomètres de mon périple s'effectuent ainsi, en mode tranquillou-bilou. Même la grêle qui s'abat soudainement sur moi ne me dérange pas plus que ça. C'est l'occasion de tester le matériel: il est bon. 

Et je suis tout étonné quand j'aperçois enfin les majestueuses tours du château de Saumur à 4 kilomètres de l'arrivée. J'avais presque oublié mon objectif.

Pour terminer en beauté (et achever mes genoux), je grimpe jusqu'aux portes du château où je déguste enfin un verre de Champigny devant un superbe panorama bien mérité. Demain pourra commencer l'exploration du vignoble.

Château de Saumur

Force et honneur, calme et volupté !

 

Ce qui aurait gâcher ma journée :

Rrrien! Même pas quand ma batterie de téléphone a rendu l'âme et que j'ai perdu toutes mes statistiques. Je m'en bats le bulbe!

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Merci JJ ! Et encore toute ma reconnaissance pour tes reconnaissances aux alentours de Chantilly.

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