Le vélo qui fait voyager

dimanche 18 septembre 2016

Ça commence bien, le Japon !

15 juillet 2016

Rincé, 風呂 est complètement rincé. Il a fait 130 km hier et 80 aujourd'hui sous une douche continue. Alors que lui préfère plutôt les bains de soleil...


Hier, ça allait encore. Il s'est levé à 5h30 pour aller au temple et découvrir la méditation zazen avec Hiroko, son hôte Warmshowers. Après un bon plat de soba pris en sa compagnie, il est sorti de Tokyo comme on sort d'un petit village, en sillonnant des petites rues tranquilles puis en longeant des canaux bordés de terrains de golf et de baseball. Il était plein d'entrain. C'était plat, il faisait beau. Des petits vieux jouaient au croquet. 



Puis le déluge s'est abattu sur lui et son objectif de 150 km s'est révélé trop ambitieux. Il n'avait pas non plus prévu de se faire une tendinite un mois avant son départ. Il n'est pas aussi affûté qu'il aurait aimé l'être... Il aurait peut-être dû revoir ses itinéraires à la baisse mais il est trop tard.

Un des sommetsdu Mont Haruna
Aujourd'hui, il ne fait que pleuvoir. Et monter. Pleuvoir et monter. Et malgré la pluie, ça monte sec. Il a beau avoir étudié le profil, il ne pensait pas que le dénivelé serait aussi rude aussi rapidement. Les Alpes japonaises ne sont pas là pour faire de la figuration même si pour l'instant elles se cachent derrière un rideau de pluie tressé de gouttes épaisses et lourdes. De ces gouttes qui semblent transpercer la peau. Il n'est pas trempé, il est liquéfié. Que dis-je, il est eau. Des vêtements de pluie ne serviraient à rien d'autre que de baigner en outre dans sa sueur.


Les jambes n'en peuvent plus. Mais bon sang quand est-ce que ça descend? Allez, encore un dernier virage pour voir. Il a encore de l'espoir mais non. Après le virage suivant, il s'arrêtera. Il avait prévu de faire une étape de 100 km auxquels il faut rajouter les 20 qu'il n'a pas fait hier. Il est loin du but. Allez, encore un virage et si ça ne descend pas, tant pis, il plantera la tente !


Et ainsi, tour de pédale après tour de pédale, à coup de marchandage entre sa tête et ses jambes, il arrive à un péage. Sur une petite route, au beau milieu des montagnes, cela lui paraît totalement incongru. Mais ce n'est pas pour de rire et on lui fait comprendre qu'il ne peut pas passer à vélo. Il faut faire demi tour.

Péage sur la Nihon Romantic Road
Il y a des jours comme ça... Et ce n'est que le 2e de son périple de 6 semaines. Et bien, ça promet, le Japon !

L'itinéraire que le préposé lui montre lui rallonge la route d'au moins 20 km. Mais ce serait 5 km, ça ne changerait pas grand chose. Il est complètement rincé. Il ne comprend pas pourquoi la route est interdite aux vélos, c'est pas une autoroute ! Et puis rien ne l'indiquait, pas un panneau pour signaler l'interdiction aux vélos. Il a fait 80km et il n'en peut déjà plus. Il ne peut pas faire de détour...

A base de gestes et d'anglonnais, 風呂 arrive à faire comprendre sa surprise, son indignation, sa lassitude, sa frustration. Il en rajoute un peu aussi.

Chotto maté (attendez un peu), lui répond le garde-barrière. Il passe un coup de fil. Puis un 2e. Puis il en reçoit d'autres. Il doit certainement tenter d'obtenir une autorisation spéciale pour que 風呂 puisse passer. C'est sympa. Il espère aussi que ça descend après et puis il faut toujours chotto maténer...

Pendant ce temps les voitures défilent. Au moins 風呂 se repose. Mais s'ils le font attendre pour rien, ce ne serait franchement pas drôle. Allez, y'en a marre de chotto maténer, 風呂 essaiera de se faire embarquer par la prochaine camionnette qui passe!

Mais ce n'est finalement pas la peine. Une fourgonnette de la compagnie de péage arrive pour lui permettre d'emprunter cette fichue route. Encore mieux que tout ce qu'il espérait!

On attache son vélo dans la benne, il monte à bord de l'engin et demande s'il doit quelque chose. Non, non, service spécial! Waoh, domo harigato gozaïmasse! L'équipage s'en va. 

Une odeur nauséabonde commence à envahir l'habitacle. Ce ne serait quand même pas l'un de ses deux chauffeurs qui... Non, c'est dans l'air. Étrange.

Après une vingtaine de kilomètres ils atteignent la fin de la route à péage mais les ouvriers poussent encore un peu pour l'amener un peu plus haut sur la route principale. C'est vraiment chic de leur part.

1600m, 1800m, la route ne fait que monter. Pas un seul replat. On franchit bientôt les 2000m. Finalement quelle chance ce péage! Jamais il n'aurait réussi cette ascension aujourd'hui dans un tel état de fatigue!
Néanmoins, il reste toujours une grosse centaine de mètres de dénivelé pour atteindre le sommet. Ce ne sera pas chose facile mais après tant de chance et de générosité, 風呂 se doit d'y arriver. Une manière de remercier le personnel du péage en quelque sorte.

Après quelques efforts, le sommet, enfin ! Il comprend aussi la raison de l'odeur de soufre qui importune ses narines : il vient de gravir un volcan, le Mont Kusatsu-Shirane! C'est un panneau qui le lui fait remarquer car malheureusement, il n'en verra pas grand chose: la montagne est enveloppée dans un épais brouillard. Dommage car un de ses lacs acides est, paraît-il, d'un bleu turquoise teinté de jaune sulfure des plus splendides.

風呂 n'a pas spécialement de regrets. Il n'a pas trop envie de faire des chatouilles au géant endormi avec son vélo. Un vingtaine de kilomètres de descente lui tend des bras de bitume accueillants et il a hâte de se jeter dedans.

Finalement, ça commence bien, le Japon !

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